Voltaire (1694-1778) est l'un des philosophes des Lumières les plus actifs de son époque au point de devoir s'exiler pour éviter des poursuites. Il est célèbre pour avoir co-rédigé l'Encyclopédie avec Diderot et pour ses contes philosophiques tels que Candide, Zadig et l'Ingénu. Nous étudions ici le dénouement d'un autre conte Jeannot et Colin (1764) qui raconte l'histoire de deux amis : Colin, bon et studieux qui réussit sa vie à force de travail et Jeannot dont le caractère dispendieux va le plonger dans le dénuement et la solitude.
[...] suggèrent qu'il mange plus qu'à sa faim. La répétition de l'indéfini tout sous forme de déterminant tout cet attirail et de pronom tout est à moi (l. 11) insiste sur l'ampleur de ses possessions également mises en évidence par les adjectifs possessifs ma (l. notre (l.14) et mes (l.17). Tout lui réussit au point même de bénéficier de la bénédiction divine Dieu nous bénit (l. 13). Un bonheur simple : Dès qu'il s'adresse à Jeannot, Colin emploie un attribut polysémique grand seigneur (l.8). [...]
[...] Les deux personnages se différencient également par leur humeur le jour de leurs retrouvailles : si Colin respirait la douceur et la gaieté Jeannot bien au contraire était plongé dans l'accablement du désespoir (l.1) et abîmé dans sa douleur (l.5). Un autre point les oppose : le mouvement. La femme de Colin est cahotée comme l'est son mari dans leur voiture tandis que Jeannot est immobile (l.5). La vivacité de Colin est d'ailleurs mise en valeur par les verbes de mouvement ne fait qu'un saut (l.6/7) et court (l.7) qui contrastent avec la passivité de Jeannot. [...]
[...] De plus, l'équipage est décrit de façon dépréciative : à l'antique (l.1) veut dire qu'il s'agit d'une voiture à l'ancienne mode, espèce de (l.1) rend l'idée qu'elle est difficile à définir et tombereau que c'est une voiture de charge donc un mode de transport rural. Les rideaux de cuir qui l'accompagnent remplacent les rideaux de velours des carrosses des contes. D'autre part, la fin du conte dépeint une situation finale heureuse comme c'est l'usage dans un conte puisque, grâce à l'intervention de Colin, Jeannot est métamorphosé, comprend instantanément ses torts, rentre chez lui avec ses parents et se marie. [...]
[...] En outre, le traitement lyrique des réactions des personnages rend le récit vivant et crée l'émotion. Instructif, parce que Voltaire nous livre ici la clé du bonheur qui réside dans la bonté, le travail, le partage et la simplicité. Nous pouvons rapprocher ce passage du dénouement du conte philosophique Candide que Voltaire clôt sur l'adage il faut cultiver notre jardin qui signifie que l'homme a en lui les ressources pour échapper à la misère s'il les exploite par le travail et qu'il doit faire partie d'une petite société tolérante. [...]
[...] Jeannot a donc des sentiments partagés comme le valorise le rythme quaternaire des deux groupes nominaux binaires la douleur et la joie, la tendresse et la joie (l.17). Déjà conscient qu'il s'était leurré sur le compte de ses soi- disant amis, il est touché par la générosité de Colin, il s'en veut enfin d'avoir été si vaniteux et il est reconnaissant à Colin d'être resté constant malgré tout dans son amitié. Il en arrive à déduire lui-même la morale de son aventure, conscient que l'apparence : le bel air (l.18) n'est rien et que seules comptent les preuves d'amitié. [...]
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