La scène 9 de l'acte II présente l'arrivée d'Ondine à la cour. Le chambellan est chargé de lui donner quelques conseils de bonne conduite pour sa présentation au roi. Mais la jeune Ondine préfère dialoguer avec le poète que d'écouter le chambellan. Il s'en suit un dialogue comique. Il est intéressant d'étudier la critique du pouvoir et de ses représentants ainsi les contradictions de cette scène qui captent l'attention du spectateur.
[...] Enfin, le chambellan a la raideur des marionnettes. Rien dans son discours n'est spontané : lorsqu'il est interrompu par Ondine, il reprend par les mêmes mots exactement Chevalière, la Cour est un lieu sacré l et l. signe qu'il connaît par cœur son discours. Son discours est d'ailleurs marqué par la récurrence du rythme binaire les impairs et les esclandres l. 2-3 ; sa parole et son visage l. 20-21 ; S'il a peur [ S'il ment l. qui suggère un mécanisme et non la souplesse de l'humain. [...]
[...] La scène charme donc par son caractère ambigu : elle fait rire au moment même où elle fait pressentir un drame, elle rend en fin de compte séduisant un personnage que l'on pourrait qualifier d' infernal Conclusion Au total, la scène 9 de l'acte II d'Ondine propose une satire sévère du pouvoir, d'autant plus efficace qu'elle ne reste pas théorique mais séduit le public. C'est d'ailleurs souvent le personnage d'Ondine et ses ambiguïtés qui continuent à attirer metteurs en scène et comédiennes. [...]
[...] Nul espoir de survie dans la sphère du pouvoir si l'on est honnête et franc. Il faut au contraire devenir un parfait comédien et contrôler sa parole et son visage (l. 20-21). Cet éloge de l'hypocrisie (terme qui vient du grec, qui signifie comédien) se lit dans une série d'antithèses entre les sentiments réellement éprouvés peur ment et l'attitude adoptée en public le courage la franchise Le chambellan en arrive même à ce paradoxe comique que même lorsqu'on est honnête s'il leur arrive de parler vrai l. [...]
[...] Ainsi, on glisse d'un sens concret à un sens abstrait quand le chambellan évoque d'abord sa tare physique avant d'évoquer son influence Mais toute humide que soit ma main, mon bras est long l. 32). Pourtant, au-delà de cette dimension comique, on entend les prémices du drame à venir. En effet, le chambellan souligne l'importance de la première rencontre avec le roi, au cours de laquelle il ne faut commettre ni impairs ni esclandres Mais il suggère également qu'il faut savoir lui plaire, à lui. Il a en effet la confiance du roi et peut obtenir les récompenses et les disgrâces (l. [...]
[...] Je n'en ai d'ailleurs pas de morales l. 35). Son autocorrection révèle qu'il ment : le chambellan est un si bon flatteur qu'il en vient à se flatter lui-même ! En somme, flatterie et hypocrisie sont donc les deux clefs qui ouvrent les portes de la cour. B. Un personnage ridicule et caricatural Si les préceptes du chambellan sont déconsidérés par leur excès, ils sont également rendus ridicules par le personnage lui-même. En effet, il apparaît souvent pédant, excessivement poli. [...]
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