Jean Giraudoux (1882-1944) est un écrivain et diplomate français, surtout connu pour son théâtre avec des pièces comme La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), Électre (1937) ou La Folle de Chaillot jouée en 1945 après sa mort. Comme d'autres dramaturges des années 1930-1940, il a participé à la réécriture des mythes antiques éclairés par les mentalités modernes.
En 1929, il publie Amphitryon 38, pièce de théâtre en trois actes, ainsi dénommée parce qu'il considérait fournir la trente-huitième version du mythe thébain initié par Plaute et déjà revu par Molière entre autres. C'est une version à la fois moderne et comique, d'ailleurs sous-titrée « comédie », où l'on retrouve des dieux, des héros, des scènes mythologiques, mais aussi des esclaves et des situations cocasses. Dans ce récit légendaire, Jupiter, maître des dieux, doit engrosser Alcmène, épouse d'Amphitryon, pour faire naître Hercule.
Cet extrait se situe au début de la pièce lorsque Jupiter, le maître de l'Olympe, peaufine sa transformation humaine à la ressemblance d'Amphitryon, car il ne peut réussir à séduire Alcmène, reine de Thèbes, qu'en abusant la fidélité de celle-ci pour son époux. Il s'agit d'un dialogue théâtral entre les dieux mythologiques romains Jupiter et Mercure. L'auteur livre alors au cours d'un échange savoureux quelques remarques comiques sur le désir amoureux en même temps que certains commentaires satiriques sur la nature humaine.
I- Une scène de comédie à portée philosophique
a- Une scène de comédie
Bien que la pièce présente des dieux et des héros, habituellement témoins de l'univers tragique, elle appartient au genre de la comédie (...)
[...] Dans ce récit légendaire, Jupiter, maître des dieux, doit engrosser Alcmène, épouse d'Amphitryon, pour faire naître Hercule. Cet extrait se situe au début de la pièce lorsque Jupiter, le maître de l'Olympe, peaufine sa transformation humaine à la ressemblance d'Amphitryon, car il ne peut réussir à séduire Alcmène, reine de Thèbes, qu'en abusant la fidélité de celle-ci pour son époux. Il s'agit d'un dialogue théâtral entre les dieux mythologiques romains Jupiter et Mercure. L'auteur livre alors au cours d'un échange savoureux quelques remarques comiques sur le désir amoureux en même temps que certains commentaires satiriques sur la nature humaine. [...]
[...] Si le bonheur est au prix de cette humble sagesse séculaire, le modèle à suivre n'est pas Amphitryon mais Alcmène, femme moderne qui affirme son indépendance à l'égard du Ciel. Elle refuse de devenir immortelle pour se contenter d'un bonheur conjugal fugace mais bien réel, si appréciable dans sa fragilité. Alors que dans le ciel européen commençaient à s'accumuler les nuages de la Seconde Guerre mondiale, l'auteur voulait encore croire, pour le bonheur de l'humanité, que la Guerre de Troie n'aurait pas lieu. [...]
[...] Pour l'approcher et parvenir à ses fins, il lui faut donc éloigner celui-ci en l'envoyant à la guerre et prendre son apparence tandis que Mercure prendra celle de Sosie, le serviteur d'Amphitryon. Jupiter achève sa métamorphose avant de se présenter devant Alcmène. JUPITER. As-tu maintenant l'impression d'être devant un homme ? MERCURE. Pas encore. Ce que je constate surtout, devant un homme, devant un corps vivant d'homme, c'est qu'il change à chaque seconde, qu'incessamment il vieillit. Jusque dans ses yeux, je vois la lumière vieillir JUPITER. Essayons. Et pour m'y habituer, je me répète : je vais mourir, je vais mourir MERCURE. Oh ! Oh ! [...]
[...] Cet interrogatoire est destiné à évaluer la conformité du grimage à la personnalité d'Amphitryon et plus généralement à un modèle humain. Le fonctionnement du dialogue est également proche de la maïeutique de Socrate, art avec lequel il accouchait les esprits de ses interlocuteurs, c'est-à-dire leur faisait découvrir la vérité par eux-mêmes en leur posant des questions habiles. - Une expérience didactique Cet examen fait également appel au registre didactique, émettant des hypothèses que l'expérience doit confirmer. Mercure soumet Jupiter à : .une sorte de réglage qui lui permet d'adopter le bon rythme cardiaque, la dépense optimale de sa force vitale . [...]
[...] Et ce système solaire, je pense qu'il est bien petit, et la terre immense, et je me sens soudain plus beau qu'Apollon, plus brave et plus capable d'exploits amoureux que Mars, et pour la première fois, je me crois, je me vois, je me sens vraiment maître des dieux MERCURE. Alors vous voilà vraiment homme ! . Allez-y ! Mercure disparaît. Jean Giraudoux, Amphitryon 38, acte I scène 5 (1929) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Jean Giraudoux (1882-1944) est un écrivain et diplomate français, surtout connu pour son théâtre avec des pièces comme La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), Électre (1937) ou La Folle de Chaillot jouée en 1945 après sa mort. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture