Jean Anouilh (1910-1987), auteur dramatique appartenant au mouvement du Nouveau Théâtre, est à l'origine d'une œuvre abondante et diverse qui développe un ensemble de thèmes critiques. Hésitant entre le désespoir et l'ironie meurtrière, ce pessimisme fondamental a inspiré à l'auteur une suite de réquisitoires contre la famille, les idéaux de pureté, l'amour, l'amitié. Anouilh a par ailleurs rassemblé son théâtre en Pièces noires (Antigone, 1944), Pièces roses (Le Bal des voleurs, 1938), Pièces brillantes (L'Invitation au château, 1947), Pièces grinçantes (La Grotte, 1961), Pièces costumées (L'Alouette, 1953), Pièces secrètes (L'Arrestation, 1975) et Pièces farceuses (Le Nombril, 1981).
Suivant la classification opérée par Jean Anouilh lui-même, La Grotte, pièce dont est extrait le texte étudié, figure ainsi parmi les « Nouvelles pièces grinçantes », singulières par leur force satirique. Le passage en question renvoie au commentaire par l'Auteur de la deuxième scène d'exposition possible de la pièce.
L'enjeu du passage consiste à mettre en exergue les doutes de l'Auteur, balancé entre deux scènes d'exposition possibles. Le Commissaire, par ses interventions, va peu à peu influencer son choix en présentant sa conception du théâtre, très différente de celle de l'Auteur.
[...] In fine, ce débat trouve son origine dans deux conceptions différentes du théâtre Deux conceptions différentes du théâtre Deux questions doivent nous interpeller en examinant ce passage : - pour qui écrit-on ? - Quel doit être le centre d'intérêt principal de la pièce ? Chaque personnage répond à ces deux questions et propose sa propre vision du théâtre à travers cette mise en abime théâtrale le théâtre dans le théâtre ; procédé consistant à placer à l'intérieur du récit principal un récit qui reprend de façon plus ou moins fidèle des actions ou des thèmes du récit principal). [...]
[...] Mais comme s'il faisait en même temps le constat de sa propre impuissance devant la difficulté de la tâche (page 74 : cela risque d'être plus difficile l'Auteur parle au conditionnel passé pour exprimer des regrets (page 75 : je n'aurais peut-être pas dû lui parler ; je n'aurais peut-être pas dû lui faire comprendre certaines choses ; il aurait fallu un sujet de pièce, avec tous ses développements pour chacun d'eux Ainsi, loin des sentiers battus (page 74 : On travaille dans la belle convention du théâtre de boulevard qu'incarne le Commissaire, l'Auteur exprime des exigences esthétiques et morales qui expliquent son indifférence, voire son dédain, vis-à-vis de l'intrigue policière que le Commissaire met en avant. Conclusion Il est paradoxal que, malgré ses réticences face au genre policier trop facile l'Auteur cède à la demande du Commissaire et le laisse mener son enquête. Ce désengagement de l'Auteur est-il un aveu d'impuissance ou bien une forme de réalisme (il faut bien, malgré tout, plaire au public) ? [...]
[...] Suivant la classification opérée par Jean Anouilh lui-même, La Grotte, pièce dont est extrait le texte étudié, figure ainsi parmi les Nouvelles pièces grinçantes singulières par leur force satirique. Le passage en question renvoie au commentaire par l'Auteur de la deuxième scène d'exposition possible de la pièce. En ce sens, tandis que la première scène d'exposition instaurait une intrigue policière avec l'interrogatoire du Comte par le Commissaire, la seconde met davantage l'accent sur les relations humaines, affectives et sociales, illustrées par la confrontation entre Marie-Jeanne et son fils, le Séminariste. [...]
[...] Les didascalies B. Les dialogues 2. DEUX CONCEPTIONS DIFFÉRENTES DU THÉÂTRE A. La vision du théâtre propre au Commissaire B. La conception théâtrale de l'Auteur 1. L'inversion des rôles et ses conséquences A. [...]
[...] La vision du théâtre propre au Commissaire Aux yeux du Commissaire, il n'y a pas de doute : on écrit pour le public et il faut le tenir en haleine, autrement dit maintenir le suspense et l'intrigue dans une atmosphère épique, comme en témoigne l'abondance du lexique relatif au plaisir, à l'intérêt, à la curiosité (page 76 : le côté policier, ça plaît toujours ; le public, pour qu'il ne s'ennuie pas ; mais le public, lui, ce qu'il veut, c'est avoir quelque chose à se demander tout le temps : c'est un petit curieux, le public ; c'est le suspense ; page 77 : il est là à tirer la langue ; et pus les gens que vous avez fait venir [ ] si c'est ça qui les intéresse ? On voit donc que le Commissaire accorde la primauté au public et à l'intrigue policière, seule capable, selon lui, de maintenir l'intérêt des spectateurs toujours en éveil. B. La conception théâtrale de l'Auteur La conception que l'Auteur se fait du théâtre est bien différente. A contrario, il se soucie bien moins du public, dont le nom n'apparaît dans aucune des répliques, que des personnages qu'il crée et de lui-même. [...]
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