Jacques le fataliste et son maître, Diderot, réflexion sur la littérature, écriture, récit de mme de la Pommeraye, Denise, valet
Dans Jacques le Fataliste et son maître, de Diderot, nous suivons les pas d'un valet, Jacques et ses tribulations quasi picaresques auprès de son maître. Dès l'incipit, devenu célèbre, celui-ci évoque sa croyance en la doctrine fataliste (appelée plus tard le déterminisme) ainsi que le récit qu'il s'apprête à faire de ses amours à son maître.
[...] En ce sens, l'excipit, mêlant différentes voies, semant le trouble sur toute véracité du récit et enjoignant le lecteur à écrire et penser lui-même le récit des amours de Jacques propose une véritable réflexion et même conclusion à ces questions. On peut alors considérer qu'il correspond parfaitement aux attentes du lecteur puisqu'il permet de refuser l'illusion romanesque. Dans son œuvre, Diderot montre encore une fois la toute- puissance du narrateur qui oblige le lecteur à prendre conscience de la nature de son désir mais aussi de l'autorité arbitraire qu'un écrivain à sur son lecteur. [...]
[...] Ce signe de ponctuation indique le caractère volontairement ambigüe de la scène et le pronom « la », sans complément, joue sur la dualité ; s'agit-il de la main, comme il l'est écrit, ou du sous-entendu plus grivois, de Denise ? Cette scène donne un aspect conclusif certain à l'excipit puisqu'elle est bien le récit des amours physiques et charnelles de Jacques et de Denise, et n'est-ce pas là ce qu'attend le lecteur ? II- Mais empreint d'une polyphonie déceptive Nous avons vu donc que cet excipit revêtait un aspect conclusif laissant penser qu'il correspond aux attentes du lecteur ; en effet, il y est bien question des amours de Jacques et Denise, récit attendu par le lecteur dès l'incipit et maintes fois reporté. [...]
[...] En effet, le passage entier se construit sur une métaphore de Diderot : le soin de la blessure de Jacques correspond à un acte à caractère sexuel. Cette scène nous présente là une héroïne, Denise, ambiguë car partagée entre son appréhension et son réel désir. Diderot le souligne avec son gérondif répété : « En tremblant » et l'utilisation de la formule polysémique : « franchir le pas » : le texte semble lui donner le sens littéral du pas de la porte, mais le sens figuré reste sous-entendu. [...]
[...] Ce récit est tout au long du roman reporté, interrompu par des discours enchâssés – discours des aventures qu'il vit, discours d'autres personnages du roman comme par exemple le récit de Mme de la Pommeraye ou encore, discours du narrateur qui s'adresse au lecteur. Il ne nous est donc pas livré avant l'extrait que nous étudions. Ce passage se trouve à la toute fin du roman, il s'agit de l'excipit, du dénouement de l'œuvre dans lequel le narrateur évoque pour la dernière fois les amours de Jacques ; le lecteur est alors en droit d'attendre de la fin du roman de terminer ce récit jusque-là malmené par le valet, reporté, incomplet. [...]
[...] Cet aspect suspensif et déceptif est au final annoncé de façon paradoxale dès l'amorce de cet excipit ; en effet, le narrateur évoque les paroles récurrentes de Jacques à propos de son récit sur ses amours, c'est-à-dire le fait qu'il ne le terminera jamais puis, par l'assertion « Jacques avait raison » invitant le lecteur à comprendre qu'il n'en saura jamais réellement la fin. De plus, le lecteur va faire face à ce récit qu'il attend depuis si longtemps à travers différentes instances : le narrateur- omniscient, qui s'efface peu à peu, puis l'éditeur : « L'éditeur ajoute », mais également le plagiaire : « Le plagiaire ajoute ». De nombreuses voix s'entremêlent pour prendre en charge ce récit, ce qui mène le lecteur à s'interroger sur sa fiabilité. [...]
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