Au cours d'un long voyage à cheval, Jacques distrait son maître de ses bavardages. Et si, en dépit de multiples rencontres et autres interruptions, ils vont bon train, c'est parce que son ancien capitaine a enseigné à Jacques que « tout est écrit là-haut » sur le « grand rouleau » de la destinée. Jacques y croit fermement, mais ce fieffé coquin ne peut s'empêcher de réagir aux événements. En fait, Jacques affiche une liberté d'esprit surprenante qui fait de lui - bien plus que son amour du vin et des femmes - un véritable libertin. Et c'est par cette contradiction même que Diderot nous enseigne combien l'homme est partagé entre le sentiment qu'il a de la fatalité et son besoin inhérent de liberté.
Le voyage de Jacques et son maître se fait en cheval donc, et comme le livre narre le récit de ce voyage, les chevaux sont très présents tout au long de l'œuvre. Ce sont des figures secondaires certes, mais omniprésentes du texte. Ils ont une telle importance que l'on pourrait s'interroger sur leur signification particulière. Le cheval de Jacques et celui de son maître ont une symbolique propre. Ils sont là pour appuyer les propos et les idées de Diderot. Mais en quoi l'imagerie équestre dans Jacques le Fataliste et son maître est-elle révélatrice des enjeux de l'œuvre ?
[...] * Le maître annonce alors à Jacques la véritable identité de celui qu'il prenait pour son bienfaiteur : le bourreau. On peut lire p102 : Suivez les chaînons de votre gourmette. Vous avez besoin d'un cheval, le sort vous adresse à un passant, et ce passant, c'est un bourreau. Ce cheval vous conduit deux fois entre des fourches patibulaires ; la troisième, il vous dépose chez un bourreau ; là vous tombez sans vie La gourmette et ce passage expriment l'idée d'un déterminisme. [...]
[...] DETERMINISME : Doctrine philosophique selon laquelle tous les événements, et en particulier les actions humaines, sont liés et déterminés par la chaîne des événements antérieurs. FATALISME : Doctrine selon laquelle tous les événements sont fixés à l'avance par le destin. Ainsi, pour Jacques, son cheval est un symbole du fatalisme, une partie du destin. A propos du destin, on peut lire p46 : Nous croyons conduire le destin ; mais c'est toujours lui qui nous mène : et le destin, pour Jacques, était tout ce qui le touchait ou l'approchait, son cheval, son maître, un moine, un chien, une femme, un mulet, une corneille. [...]
[...] Pour Jacques, c'est l'expression du destin, du fatalisme universel : En m'attendant il était écrit là-haut que vous vous endormiriez, et qu'on vous volerez votre cheval. S'en suivent les lamentations du maître, qui s'écrie Mon cheval ! . Mon cheval ! . car il aimait vraiment beaucoup son cheval. * Sur le chemin, Jacques et son maître rencontrent un homme à dos de cheval. Ils lui achètent pour une centaine d'écus le maître, pressentant que le vendeur l'aurait abusé, décide que ce sera Jacques qui montera ce cheval, tandis que lui prendra celui de son valet. [...]
[...] Peu après qu'ils aient repris la route, le cheval de Jacques se précipite dans une fondrière. Exemple p62 : le voilà qui prend tout à coup le mors aux dents et qui se précipite dans une fondrière. Jacques a beau le serrer des genoux et lui tenir la bride courte, du plus bas de la fondrière, l'animal têtu s'élance et se met à grimper à toutes jambes un monticule où il s'arrête tout court et où Jacques, tournant ses regards autour de lui, se voit entre des fourches patibulaires. [...]
[...] Son cheval déporte Jacques, mais le canasson suit son idée et son chemin, une idée bien déterminée que l'on finit par comprendre ! Ainsi, peut-il vraiment y avoir d'effets sans cause ? [...]
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