Jacques le fataliste, Diderot, Madame de La Pommeraye, jeune courtisane, galanterie, amour, Mademoiselle d'Aisnon, prostitution, analyse linéaire
Pour se venger de son amant qui ne l'aime plus, le marquis des Arcis, Madame de la Pommeraye va lui faire épouser une courtisane. Elle vient de la trouver en la personne de Mlle d'Aisnon. Dans cette page, Diderot présente les circonstances du contrat que vont passer Madame de la Pommeraye avec la mère de la future épouse, il expose la situation des deux femmes réduites à la prostitution et ébauche un portrait de la jeune femme.
[...] Cette femme n'est pas nommée et cet anonymat, ajouté à la qualité provinciale, offre un avantage certain : cette femme et sa fille ont peu de chances d'être connues du marquis des Arcis. Le mot « procès » suggère que leur vie est problématique. Un bref portrait, qui mêle prosopographie et éthopée, sur un rythme ternaire, pimpant, met en avant, au moyen d'adjectifs mélioratifs, les attraits de la jeune fille : la jeunesse, la beauté et, surtout l'éducation. Avec son rang, le marquis ne pourrait tomber amoureux d'une femme de mauvaise éducation. [...]
[...] Il va en présenter un second, celui qui, de façon paradoxale, permettra aux deux femmes de se sortir de la prostitution. Car, après la révélation qui sera faite à Des Arcis de la véritable qualité de la jeune mariée, toujours amoureux, il accordera son pardon et vivra heureux avec celle qui sera ainsi devenue marquise. [...]
[...] Diderot se laisse aller malicieusement à la satire. Le verbe « accommoder », assorti du complément de temps (« pour un terme », qui fait penser à une location) révèle la rapide lassitude de ces clients de première classe, qui ont précédé ceux du « tripot ». De même, le verbe « laisser » est caractéristique de la réification de la jeune femme. La fin de l'extrait fait écho au début (« jeune, belle ») en donnant quelques traits supplémentaires (« finesse », « grâce »). [...]
[...] Voilà l'effet de l'éducation. - Lorsqu'il est préparé par un bon naturel. (p. 114-115) Peu de détails sont donnés, la narration va à l'essentiel, la perte du procès, la ruine et la mécanique implacable qui en découle : la déchéance, exprimée par le participe passé « réduite à » et à l'expression « tenir tripot ». Le substantif est à lui seul tout un programme : en ancien français, le tripout est l'acte amoureux et, au XVIII[e] siècle, il désigne à la fois une maison de jeu et un lieu de débauche. [...]
[...] Jacques le fataliste - Diderot (1765-1780) - Explication de texte linéaire DIDEROT (1713~1784) Explication de texte linéaire. DE LA POMMERAYE TROUVE L'APPÂT IDÉAL] « 1 M[me] de La Pommeraye avait autrefois connu une femme de province qu'un procès avait appelée à Paris, avec sa fille, jeune, belle et bien élevée Elle avait appris que cette femme, ruinée par la perte de son procès, en avait été réduite à tenir tripot On s'assemblait chez elle, on jouait, on soupait, et communément un ou deux des convives restaient, passaient la nuit avec madame ou mademoiselle, à leur choix.4 Elle mit un de ses gens en quête de ces créatures On les déterra, on les invita à faire visite à M[me] de La Pommeraye, qu'elles se rappelaient à peine Ces femmes, qui avaient pris le nom de M[me] et de M[lle] d'Aisnon, ne se firent pas attendre ; dès le lendemain, la mère se rendit chez M[me] de La Pommeraye Après les premiers compliments, M[me] de La Pommeraye demanda à la d'Aisnon ce qu'elle avait fait, ce qu'elle faisait depuis la perte de son procès. [...]
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