Littérature, J'ai soif d'innocence, Romain Gary, 1962, recherche d'authenticité, valeurs corrompues, récit de voyage, société matérialiste, Polynésie, cupidité, nouvelle
Les récits de voyage, qui se sont développés depuis la Renaissance, dénotent souvent une curiosité pour l'autre et l'ailleurs. Romain Gary, avec sa nouvelle "J'ai soif d'innocence", publiée en 1962, met en scène un narrateur qui raconte sa fuite de la société matérialiste par un départ en Polynésie, afin de satisfaire un idéal d'authenticité.
[...] De plus, le personnage manifeste une curiosité pour l'autre et l'ailleurs. Il décrit avec un regard précis le paysage idyllique de l'île isolée et ses habitants. Les images sont évocatrices: « la chute vertigineuse des palmiers de la montagne à la mer, la paix indolente d'une lagune ». Il cherche également à exprimer un lien profond et naturel avec une population réceptive à «la gentillesse et amitié ». Ses émotions ainsi paraissent sincères et sa sensibilité réelle. Cette aspiration à un ailleurs idéal qui s'exprime dans le rêve « d'une lagune bleue », peut rappeler l'évocation du paradis terrestre dans le poème « Parfum, exotique » de Charles Baudelaire. [...]
[...] Au final, la nouvelle, qui emprunte la forme cru récit de voyage, est une fiction qui éclaire la nature humaine. Tout d'abord, l'auteur parodie les clichés des voyageurs. Le narrateur véhicule des lieux communs, comme le mythe du bon sauvage. Le motif du rêve traverse d'ailleurs la nouvelle : « j'avais soif d'innocence », « je rêvais de me sentir entouré d'êtres simples et serviables ». Son regard semble déformé par ce que son imaginaire idéalise. Il imagine ainsi les habitants de l'île façonnés par une innocence première. [...]
[...] Enfin, certaines phrases prennent un double sens: « une population dont on pouvait tout obtenir par la gentillesse et l'amitié ». D'autre part, le récit montre que le personnage est ancré une société uniforme rongée par l'argent. Il fait d'abord preuve d'ethnocentrisme, n'abandonnant pas le système de valeurs qui transforme l'art en marché lucratif. Le personnage de Taratonga est plus complexe qu'il n'y paraît d'abord et constitue un double du narrateur. Ce dernier, comme le lecteur, découvre ainsi sa duplicité puisqu'elle ment sur l'origine des tableaux. Son lien à l'argent, révélé à la fin, est ainsi mis en évidence. [...]
[...] Le récit de voyage manifeste-t-il un esprit d'ouverture sur le monde ? Romain Gary, «J'ai soif d'innocence», Gloire à nos illustres pionniers Les récits de voyage, qui se sont développés depuis la Renaissance, dénotent souvent une curiosité pour l'autre et l'ailleurs. Romain Gary, avec sa nouvelle « J'ai soif d'innocence », publiée en 1962, met en scène un narrateur qui raconte sa fuite de la société matérialiste par un départ en Polynésie, afin de satisfaire un idéal d'authenticité. Son attitude ne manquera cependant pas de mettre en lumière des contradictions profondes. [...]
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