Où j'ai laissé mon âme, Jérôme Ferrari, roman métaphysique, victime, bourreau, omniprésence de la mort, pessimisme flagrant
Au XXe siècle, de nombreuses guerres déchirent le monde et l'humanité entière se retrouve victime de la barbarie. L'art, dans toute sa globalité, se voit directement touché par les restes de ces événements, car les hommes amputés, anesthésiés, ne trouvent plus aucune autre solution que d'inclure dans leurs œuvres les horreurs vécues et subies malgré eux. De cette façon, aussi bien en peinture qu'en littérature, petit à petit le sujet principal de tout domaine artistique deviendra la souffrance et les mêmes questions seront inlassablement répétées pour éviter de revivre une énième fois les erreurs de nos ancêtres.
Beaucoup d'auteurs de la deuxième partie du XXe siècle s'attellent à la lourde tâche de décrire les traumatismes de la guerre. Toute une génération d'écrivains apparaît, évitant le sujet, le contournant, pour finalement en faire le thème central de leurs œuvres. Cette génération-là parle en connaissance de cause, elle a vécu les événements dont elle traite et elle se sert de son expérience personnelle pour guider ses lecteurs vers un monde un peu plus pacifiste et tolérant. C'est le cas de Jean-Paul Sartre par exemple qui avant la guerre n'a aucune conscience politique. Son expérience change son individualisme, car il apprend au sein des camps la solidarité et son devoir dans la communauté. C'est toute sa philosophie de vie qui évolue et ses œuvres sont le témoignage vivant de cette métamorphose due à la guerre.
[...] Les défauts de Degorce sont mis en avant pour justifier son changement et celui du narrateur vis-à-vis de lui. La répétition de l'adjectif loyal fait écho à l'utilisation du terme de loyauté qui elle-même vient renforcer les liens entre les deux personnages. Les seuls passages où le narrateur utilise le pronom personnel je à la place de nous deviennent plus intenses, car rares. Ils concernent le jugement infligé aux soldats français, et ce jugement ne peut être que personnel et individuel. [...]
[...] Mais cela semble relever du domaine de l'impossible. Les questionnements métaphysiques qui habitent son âme sont sans réponse. Degorce est victime de son rang, victime de son devoir, il n'arrive pas à vivre avec les crimes horribles qu'il a pu commettre et qui hantent sa conscience. Il n'arrive plus à dormir, et ne parvient même pas à répondre aux lettres de sa femme qui s'inquiète pour lui, il est devenu une machine exécutant les ordres de ses supérieurs et cela n'a rien de satisfaisant. [...]
[...] Cet extrait est le plus paradoxal du livre, car en dehors de la rencontre entre les deux personnages centraux, il revient aussi sur le moment de leur rapprochement. Il fait donc allusion à un souvenir commun, celui de leur retour des camps du Vietnam, et de leur humiliation. Ce sont ces événements vécus ensemble qui les ont rapprochés malgré la violence, et c'est ce qui constitue selon l'énonciateur la base solide de leur amitié. L'utilisation de la première personne du singulier est assez rare, et le discours est principalement centré sur la première personne du pluriel, ce qui montre la proximité entre les deux hommes. [...]
[...] Mais le capitaine a beau relire les versets bibliques, leur résonance ne lui permet pas de trouver le repos. Le deuxième axe narratif s'articule presque intégralement autour du sentiment de culpabilité qui ronge Degorce. Il est donc en rupture totale avec le premier axe narratif, qu'il s'agit d'analyser, et qui constitue une introspection du personnage d'Andreani. Les trois extraits étudiés composent les fragments d'un monologue intérieur d'un personnage important de l'œuvre ; Horace Andreani. Il s'agit d'un des seuls moments où l'énonciation se fait à la première personne du singulier, et il est représentatif des ressentis directement liés à la guerre. [...]
[...] Ecritures dialogales Au XXe siècle, de nombreuses guerres déchirent le monde et l'humanité entière se retrouve victime de la barbarie. L'art, dans toute sa globalité, se voit directement touché par les restes de ces événements, car les hommes amputés, anesthésiés, ne trouvent plus aucune autre solution que d'inclure dans leurs œuvres les horreurs vécues et subies malgré eux. De cette façon, aussi bien en peinture qu'en littérature, petit à petit le sujet principal de tout domaine artistique deviendra la souffrance et les mêmes questions seront inlassablement répétées pour éviter de revivre une énième fois les erreurs de nos ancêtres. [...]
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