[...] Le titre et son sens :
« Fleurs du Mal » signifie donc la beauté que l'on extrait du mal. « Fleurs » ne suggère pas seulement la beauté, mais aussi ce que l'on obtient par la culture, la recherche. Et le « Mal » signifie le péché, mais aussi la souffrance. Les deux termes « Fleurs du Mal » aboutissent à deux images à la signification équivoque : doit-on comprendre des fleurs cueillies sur une terre de souffrance, ou le goût du poète pour le péché, qui est pour lui une source d'inspiration féconde ?
Dès la publication, l'auteur est condamné pour immoralité, contraint de supprimer plusieurs poèmes (dont « Les bijoux », « Lesbos » et « Femmes damnées ») Flaubert est condamné lui aussi, à la même époque, pour outrage aux moeurs, pour son roman « Madame Bovary ». Sans cette affaire, l'oeuvre n'aurait pas beaucoup attiré l'attention. Mais l'auteur en éprouve un sentiment d'injustice, de solitude et d'orgueil.
Il fallait combler des vides et insérer de nouveaux poèmes dans un plan ancien.
Il y a entre l'auteur et son oeuvre un rapport intime et profond.
[...] La première partie, « Spleen et Idéal » est la plus longue et constitue, en quelque sorte, l'exposition, où Baudelaire découvre et décrit son drame, cette opposition entre le Spleen et l'Idéal, qui le déchire.
« SPLEEN ET IDÉAL » présente le poète déchiré entre la soif d'idéal (l'amour, la beauté, l'art) et la réalité déprimante de sa vie, ravagée par la débauche et le spleen, c'est à dire l'ennui, la tristesse et l'angoisse de vivre une existence désordonnée et absurde.
Baudelaire nous offre en même temps une réflexion sur la condition humaine, tragique, car elle est déchirée sans cesse entre la misère et les malheurs de la vie terrestre (le Spleen) et l'aspiration vers le bonheur total et infini (l'Idéal).
[...] L'évasion par les sens - Poème 22 « La Chevelure exotique »
Tout ce qui est lointain, ailleurs, est constamment idéalisé par Baudelaire. Si le poète aspire à un autre monde, c'est que ce monde-ci n'est pas sa patrie véritable. L'âme ici-bas est en exil, d'où l'importance du thème de l'exil : voir l'exil (Poème 2) de l'Albatros sur terre, parmi les hommes, lui qui « hantait les nuées » et qui symbolise le poète même. L'aspiration à sortir de ce monde est si forte qu'il suffit de la chevelure noire de sa maîtresse Jeanne Duval pour exalter ses sens, et cette chevelure est le point de départ d'un voyage imaginaire vers « des rivages heureux ou de charmants climats », qui ressemblent à ceux de l'Afrique ou de l'Asie (vers 6). (...)
[...] Pour échapper aux passions qui le rendent esclave, à la peur de la maladie, de la vieillesse et de la mort, il se livre au divertissement (pour Pascal, toute activité est divertissement, même le métier), mais en vain. Dans le poème intitulé Au lecteur qui précède Spleen et Idéal à la dernière strophe, Baudelaire évoque le plus terrible des maux : C'est l'Ennui l'œil chargé d'un pleur involontaire Il rêve d'échafauds en fumant son houka (pipe orientale) Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, __Hypocrite lecteur__ mon semblable mon frère ! [...]
[...] Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ! (L'Invitation au Voyage les deux derniers vers) SPLEEN ET IDÉAL Spleen et Idéal constitue la première partie ou exposition du recueil poétique de Baudelaire paru en 1857, Les Fleurs du Mal Spleen et Idéal sont les deux visages opposés et cependant indissociables de Baudelaire lui-même et de tout homme en général. C'est parce que le poète a visé très haut (l'idéal) qu'il s'expose aux déceptions et échecs, en éprouvant le dégoût de la vie. [...]
[...] Tout ce qu'il voit le ramène bientôt à son inquiétude sur l'au-delà de la mort, et il se retrouve seul, fatigué physiquement et moralement. Tentative des paradis artificiels De ces paradis artificiels, un seul est présenté, le vin, consolateur des chiffonniers, de l'assassin, des amants, du solitaire. Mais peut-il vraiment inspirer le poète ? Il n'a qu'un effet passager. Tentative de la débauche Il s'agit du goût du sang, 110), de la curiosité malsaine pour l'homosexualité, mais tout cela ne fait qu'accroître le dégoût du poète pour lui-même. [...]
[...] Des araignées surgissent alors des ténèbres (vers 11/12) et viennent au fond de nos cerveaux ; le cadre est alors construit pour faire éclater l'obsession des cloches quatrain) et les hallucinations visuelles du quatrain : Et de longs corbillards sans tambours ni trompettes Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Les aspects physiques et philosophiques du spleen sont ici réunis et inséparables. [...]
[...] II/ Le Spleen : définition, ses différentes formes Le spleen se définit d'abord comme une neurasthénie (faiblesse des nerfs) , un état dépressif. C'est un ennui sans cause et un dégoût généralisé de la vie. Pascal, le célèbre écrivain et philosophe du siècle, dans ses Pensées fait l'apologie (défense et éloge) du christianisme et affirme que cet ennui est la condition naturelle de l'homme, séparé de Dieu. Misère de l'homme sans Dieu dit-il, car l'homme est alors plongé dans l'angoisse et l'incompréhension. [...]
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