Le mythe fascine, interpelle par sa valeur de symbole pour une communauté, par sa résistance au temps, mais également par son caractère universel. Cas d'intertextualité par excellence, « Le mythe est souvent traité comme un invariant, un système dont la valeur serait universelle et immuable [...]. Dès le moment où il est inscrit dans un temps et dans un lieu, qu'il est soumis à une finalité précise et adressé à un groupe particulier, il subit nécessairement une actualisation et une transformation ». Cette remarque de Michel Jeanneret permet de se rendre compte qu'au sein d'un mythe littéraire, les réécritures qui s'opèrent et se développent naturellement au gré de l'inspiration des auteurs, permettent au mythe de rester actuel et de s'enrichir considérablement. Lorsqu'un personnage mythique retient notre attention au point de vouloir l'étudier, cela implique une connaissance du mythe, c'est-à-dire des textes antérieurs, ainsi que des aptitudes de lecture de la part du comparatiste et même du lecteur pour percevoir les échos et les nouveautés de chaque texte par rapport à la tradition à laquelle il appartient. Le mythe littéraire suppose une lecture « ouverte », une lecture qui dépasse les limites de l'oeuvre ou d'une époque. Chaque texte s'inscrit dans une corrélation de plusieurs textes, participant à la tradition du mythe, qu'il convient donc d'étudier afin de parvenir à saisir les enjeux de cet incessant mécanisme écriture-réécriture.
[...] Les mythes sont considérés comme un moyen d'incarnation parfait des idéaux de l'époque. Ils représentent, en effet, une histoire suffisamment universelle pour prendre facilement les différentes formes que les époques entendent lui donner. Au XIVème siècle, Boccace livre également une version du conte dans son œuvre De la généalogie des Dieux, qui présente une allégorie à la fois inspirée de Martianus Capella avec une interprétation platonicienne, mais également une reprise de la version christianisée de Fulgence. La version commentée de L'Ane d'or par Filippo Beroaldo, vers 1500, est également importante, car elle reprend en le critiquant le travail de Capella et Fulgence. [...]
[...] 874-877) Dans la pièce de Calderón, les deux personnages sont, en effet, promis dès le début par Athamas à Selenisa et Astrea. Le dramaturge a choisi de montrer l'exercice du pouvoir de Psyché et l'impact que sa beauté donne sur les hommes car il présente les filles d'Athamas une par une aux amoureux cachés ainsi qu'aux spectateurs, Psyché entrant en scène en dernier. Dans un effet de crescendo, les personnages sont subjugués par tant de beauté. Le fait que Psyché entre la dernière est une sorte d'apothéose, un effet de retardement ingénieux qui permet au personnage de se démarquer de ses sœurs et d'être considérée comme un miracle de la nature, une beauté hors normes, un véritable prodige qui bouleverse les amoureux comme le désigne leurs paroles après l'apparition de Psyché Le prodige que j'ai vu m'ôte les sens Al prodigio que vi ou encore la merveille que j'ai vue m'a jeté dans la stupeur (sc.4 Al asombro que vi quedé admirado. [...]
[...] L'amour d'Eros soutient Psyché dans sa quête de l'amant perdu. Molière met en valeur cet appui au tout début de l'acte V : Je n'en veux plus douter, il partage ma peine, Il voit ce que je souffre, et souffre comme moi 40 L'Existentialisme est un humanisme, Ed.Nagel p. 66- [ ] En dépit de Vénus, en dépit de mon crime, C'est lui qui me soutient, c'est lui qui me ranime (v. 1669- 1703) Le mythe de Psyché prouve ainsi que lorsqu'on a un pourquoi qui tient lieu de but, de finalité, on peut réussir à surmonter n'importe quelle épreuve. [...]
[...] Le cadre spatial, quant à lui, favorise le foisonnement des lieux du conte au travers de l'imaginaire de l'auditoire. Les détails et descriptions ont un rôle essentiel dans la représentation que l'auditeur se fait de l'histoire racontée. Ceux-ci sont comme des indices qui stimulent l'imagination à défaut de pouvoir voir ce qui se passe sous les yeux du spectateur. Le narrateur doit trouver une juste mesure pour ne pas trop en dire, sinon la 30 Molière, Psyché dans Œuvres Compètes, tome II, Paris Garnier Frères part de liberté créatrice se trouverait retenue voire freinée. [...]
[...] Cupidon, lors de leur première rencontre, lui en fait d'ailleurs le reproche : Vous avez eu, Psyché, l'âme toujours si dure Qu'il ne faut pas vous étonner, Si pour en réparer l'injure L'amour en ce moment se paye avec usure De ceux qu'elle a dû lui donner. (Acte III, sc v. 1078-1082) 57 Seigneurs, si je savois ce que c'est d'aimer. (v. 1064) Dans Ni Amor se libra de amor, Calderón nuance cet aspect en l'intégrant à l'action même de sa pièce. La beauté est pour Cupidon une arme de séduction redoutable qui nécessite le regard de sa future victime. [...]
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