Incipit de mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar, femme de lettres française, Alexis ou le traité du vain combat, nouvelles orientales, oeuvre au noir, biographie, roman historique, pseudo-mémoires, académie française
Marguerite Yourcenar (1903-1987) est une femme de lettres française. Elle est romancière, nouvelliste et autobiographe, elle est aussi poète, traductrice, essayiste et critique littéraire. Elle est la première femme élue membre de l'Académie Française. Ses œuvres romanesques principales sont Alexis ou le Traité du Vain Combat (1929), Nouvelles orientales (1938) et l'Œuvre au noir (1968). La biographie dont nous étudions ici l'incipit est Mémoires d'Hadrien (1951), un roman historique écrit sous forme de pseudo-mémoires. Cet extrait expose une méditation de l'empereur à la fin de sa vie sous forme d'une longue lettre à son petit-fils adoptif de 17 ans et son éventuel successeur, Marc Aurèle. Nous allons nous demander en quoi ce passage est une réflexion sur la condition humaine. Nous verrons que l'incipit nous permet de faire la connaissance d'un grand homme puis nous démontrerons qu'il n'en est pas moins un mortel parmi d'autres.
[...] La mort – un topoi de la littérature – est omniprésente dans cet extrait à travers son champ lexical « mourir » « mort » « mortelle » « je mourrai » (71). Le narrateur se lance dans ses mémoires en partant de la fin c'est-à-dire non pas de sa naissance mais de sa mort à venir. Il sait désormais que c'est la maladie qui aura raison de lui comme l'accentue le jeu d'oppositions entre « diminue » et « progresse » d'une part et « moi » et « ma maladie mortelle » d'autre part. [...]
[...] Hadrien ne parle pas de son corps mais « du corps d'un homme » le déterminant indéfini laisse l'impression qu'il s'en détache. Les termes dépréciatifs « vagues » « banales » « imposture » le représentent comme un homme lucide qui ne se berce pas d'illusions sur son état de santé. L'emploi de la double comparaison « aussi absurdes que » « beaucoup plus pénibles » montre qu'il sait qu'il est vain d'espérer alors qu'il est perdu. Il ne veut pas céder à la peur qui minerait sa fin de vie, il fait preuve de courage. [...]
[...] Hadrien reste humble face à la mort. Pour un militaire, il est encore plus difficile de s'avouer vaincu, c'est pourtant ce qu'il fait dans l'oxymore « défaite acceptée » (53). Il ne se présente pas comme un être exceptionnel. A la fin du passage, il se compare à un navigateur au moyen du champ lexical de la mer « navigue », « îles » « rivage » (77). C'est modestement un homme qui arrive au terme de son voyage. II Un mortel parmi d'autres : Malgré sa supériorité sociale et mentale, Hadrien est un homme souffrant. [...]
[...] Conclusion : dans cette biographie présentée comme une autobiographie, Marguerite Yourcenar nous brosse le portrait d'un homme direct, lucide et humble. Elle nous dit aussi sa déception de se voir déchu physiquement, perdu malgré les soins de la médecine et face à une mort qu'il aurait souhaitée à la hauteur de sa vie d'empereur. Hadrien a fait l'objet de plusieurs autres biographies mais sous une forme plus classique et moins personnelle telle que celle de Yves Roman Hadrien, Empereur virtuose. [...]
[...] Il ne cherche pas à adoucir l'annonce de sa mort prochaine. En s'adressant directement au destinataire par l'impératif « ne t'y trompe pas » il se crée une complicité avec le lecteur auquel il prouve toute sa détermination. La métaphore filée « défendre ma position . perdu » (50/52) le décrit tel un soldat qui garderait son terrain. Il tient un propos militaire pour que Marc Aurèle comprenne bien qu'il ne se laisse pas aller. Il parle de son court sursis dans la gradation descendante « des années », « des mois » (62). [...]
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