Dans cet extrait, Malraux nous montre son style, nerveux, direct. Il cherche également à faire ressortir l'ambiguïté de son personnage en exposant ses sentiments et l'opposant directement à sa victime.
L'une des originalités de ce passage est son entrée sans préambule dans l'action (...)
[...] Il met aussi en place un jeu d'oppositions entre Tchen et sa victime. Celle-ci dort sommeil l.6), alors que Tchen est bien réveillé les paupières battantes l.22). L'homme endormi est réduit à une masse informe de chair d'homme symbolisé par son pied à demi incliné alors que Tchen est symbolisé par ses mains hésitantes et crispé(e)s on trouve d'ailleurs dans la fin du texte le lexique de la main : poches mains tenir enfoncer gestes lâcher doigts droite gauche bras 35). [...]
[...] Malraux utilise la focalisation interne pour bien faire ressortir les émotions de son personnage. Il rapporte ses pensées grâce au discours indirect libre : Découvert ? Combattre, combattre des ennemis qui se défendent, des ennemis éveillés ! Assassiner n'est pas seulement tuer . 27). Ces phrases proviennent directement de l'esprit de Tchen, on peut le voir grâce à l'utilisation du présent et de l'infinitif, alors que le reste des verbes est conjugué à l'imparfait et au passé simple. L'auteur traduit également la ferme intention de Tchen grâce au conditionnel et au futur dans le passé S'il se défendait Il savait qu'il le tuerait l.21, 19). [...]
[...] Tchen, seul personnage désigné par un nom, est fermement décidé à tuer il savait qu'il le tuerait l.19). On peut donc s'attendre à un meurtre imminent, ce qui augmente encore la tension qui règne dans la chambre. Malraux veut plonger le lecteur directement dans son roman. La mise en place dès l'incipit de l'atmosphère qui est lourde, inquiétante immerge rapidement le lecteur dans l'enfer de cette nuit pleine d'angoisse et laisse présager une suite tout aussi tourmentée. Par ailleurs, le personnage de Tchen traduit bien la tension omniprésente. [...]
[...] Tout au long de celui-ci, Tchen sombre un peu plus dans la violence puisqu'il passe de l'interrogation des deux premières phrases à un acte préparant son geste final. La nervosité du texte est admirablement mise en valeur par le style rapide et direct de Malraux. Son écriture originale et moderne fait entrer le lecteur directement dans l'action. Ce début de roman ne comportant aucune indication sur les personnages ou les lieux n'est-il pas à l'opposé de la technique balzacienne consistant à introduire les personnages après de longues descriptions ? [...]
[...] Assassiner n'est pas seulement tuer . Dans ses poches, ses mains hésitantes tenaient, la droite un rasoir fermé, la gauche un court poignard. Il les enfonçait le plus possible, comme si la nuit n'eût pas suffi à cacher ses gestes. Le rasoir était plus sûr, mais Tchen sentait qu'il ne pourrait jamais s'en servir ; le poignard lui répugnait moins. Il lâcha le rasoir dont le dos pénétrait dans ses doigts crispés ; le poignard était nu dans sa poche, sans gaine. [...]
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