Dumas comte monte cristo incipit
Dumas explique l'origine de son oeuvre Le Comte de Monte-Cristo, en expliquant dans ses Mémoires que Monte-Cristo était une île qu'il avait visitée pendant un séjour en Italie. Puis il ajoute : « Et maintenant libre à chacun de chercher au Comte de Monte-Cristo une autre source que celle que j'indique ici, mais bien malin celui qui la trouvera. » Dès lors, les spéculations allèrent bon train sur l'origine de ce célèbre roman-feuilleton jusqu'à ce qu'en 1976, on découvre que Monte-Cristo est l'île qu'habitait le grand-oncle de l'auteur, non loin d'Haïti.
Pourquoi un tel engouement pour l'origine de ce roman ? Simplement que ce chef-d'oeuvre est l'archétype du roman-feuilleton. En effet, écrit en 1844 et 1845 pour être publié dans Le Journal des Débats, Le Comte de Monte-Cristo répond à toutes les caractéristiques que l'on peut donner au roman-feuilleton en général. Le premier chapitre, intitulé « Marseille-l'arrivée » indique d'emblée la visée de l'auteur : Il compte nouer, dès les premiers mots, le contrat entre le lecteur et lui. Pourtant, rien n'est dit explicitement, le narrateur n'intervient pas ouvertement. Ainsi, comment rendre compte du pacte que Dumas passe avec son lecteur dans ce roman ? Par rapport aux autres romans du même siècle, l'intérêt est d'autant plus grand, que le genre du roman-feuilleton entretien avec le lecteur un contact beaucoup plus serré : les lecteurs, suivant jour après jour les péripéties du héros, intervenaient parfois auprès de l'auteur pour changer la trame du récit (cf. les abonnés à La Féerie illustrée qui suivaient chaque jour les aventures de Rocambole écrivait parfois à l'auteur pour donner leur avis sur la suite pour laquelle il fallait opter). Mais dans l'incipit du Comte de Monte-Cristo, quels éléments peuvent nous renseigner sur ce contrat entre l'auteur et le lecteur ?
[...] L'histoire de France intéresse tous les publics[4] note Elisabeth Parinet. Dumas l'a compris et même si son roman s'éloigne de la trame réel, il sait qu'il intéressera son lecteur s'il place son roman dans un cadre historique. En outre, au-delà de l'aspect historique, il demeure une dimension politique. Car si le lecteur d'aujourd'hui ne prend pas parti dans le récit, l'abonné au Journal des Débats des années 1840, a encore en tête les cents-jours. Ainsi, il ne peut demeurer neutre quand il est question de l'exil à l'île d'Elbe de Napoléon. [...]
[...] Pourtant, rien n'est dit explicitement, le narrateur n'intervient pas ouvertement. Ainsi, comment rendre compte du pacte que Dumas passe avec son lecteur dans ce roman ? Par rapport aux autres romans du même siècle, l'intérêt est d'autant plus grand, que le genre du roman-feuilleton entretien avec le lecteur un contact beaucoup plus serré : les lecteurs, suivant jour après jour les péripéties du héros, intervenaient parfois auprès de l'auteur pour changer la trame du récit (cf. les abonnés à La Féerie illustrée qui suivaient chaque jour les aventures de Rocambole écrivait parfois à l'auteur pour donner leur avis sur la suite pour laquelle il fallait opter). [...]
[...] Le contraste est explicite. D'une part un héros attachant, de l'autre un personnage qui a tout du méchant. Entre les deux, se tient l'armateur Morel. Le fait que ce dernier ne soit pas décrit montre qu'il est secondaire par rapport au duo ; le lecteur ne le découvre qu'au travers du dialogue : l'armateur semble faire peu de cas de la mort du capitaine tandis qu'il s'intéresse plus vivement à la cargaison qu'il avait confiée à l'équipage[20]. Se dégage au travers de ces trois personnages une simplicité dans les sentiments : pour Edmond Dantès, il y a le respect des supérieurs, le respect pour les morts, l'attention filiale, son amour pour une jeune fille, l'honnête fierté d'être nommé capitaine, tendit que pour le comptable il s'agit de jalousie, d'opportunisme, de fourberie, de mensonges, de vénalité. [...]
[...] Mais Dumas ne se contente pas de repères confus. Il précise les lieux maintes fois : la vigie de Notre-Dame de la garde, le château d'if, le cap de Morguion, l'île de Rion, le fort Saint-Jean, l'île de Calasareigne et l'île de Jaros, Pomègue[7]. Dumas se veut précis car il veut imprégner son roman de réalisme. La nouvelle société s'est diversifiée socialement, générant chez ceux qui entendent la décrire une prolifération de détail dont il existait peu d'exemples jusque là en littérature[8]. [...]
[...] Quant à moi, il faut que je veille au mouillage et que je mette le navire en deuil[2]. Ainsi, c'est le personnage qui, au sein de la discussion, prend la place du narrateur pour relater les évènements. Le but recherché est clair donc, Dumas veut rendre vivant son roman. D'autre part, l'auteur manifeste que son récit sera inscrit dans un cadre historique. Dans ce premier chapitre, le narrateur met en scène l'armateur Morel et le second du navire Edmond Dantès. [...]
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