Bertrand Jordan, "Les imposteurs de la génétique"

Résumé du document

Fiche de lecture (Master 1 Santé : Initiation à l'éthique médicale) consacrée à l'oeuvre Les imposteurs de la génétique de Bertrand Jordan. Le document se penche en particulier sur les différents dilemmes éthiques pouvant être soulevés par l'auteur ainsi que sur les limites de l'ouvrage.

Extraits

[...] En effet, la considération principale du médecin demeure le respect de l'autonomie du couple ou du patient à qui l'annonce doit être faite, une annonce d'une telle gravité provoquant souvent chez le patient un état de sidération diminuant son degré d'autonomie. Cette annonce met également en jeu le principe de non malfaisance, ne seraient-ce que pour la souffrance du couple engendrée, le préjudice, l'accompagnement et l'acceptation de la mort fœtale/de sa propre mort, et dans le cas d'un diagnostic pré natal, le vécu ultérieur du couple qui pourrait ressasser à fortiori son expérience lors d'une nouvelle tentative d'avoir un enfant. [...]

[...] Cette position relève de l'éthique utilitariste qui considère la fin justifie les moyens si et seulement si elle est le bonheur du plus grand nombre. La question se posant alors concerne l'acharnement thérapeutique étant donné que la recherche (et donc à terme la médecine tend à obtenir à tout prix des cellules souches permettant la régénération d'organes d'être humains vivants et lésés, ceci sans porter atteinte à la question éthique du don d'ovocyte et de la dignité humaine. A l'opposé, un conservatisme trop important aboutirait à un ralentissement des recherches et à un certain immobilisme. [...]

[...] La question de la dignité animale et de son respect est ici abordée et il est fait mention de laboratoires consacrant quotidiennement quelques brèves minutes de cérémonie aux animaux cobayes utilisés aux fins de la recherche. Ainsi, il insiste sur le respect de la vie sous toutes ses formes et cette œuvre est pour lui une bonne occasion de faire passer ses idées. Il n'est sous cet angle plus totalement objectif car son avis n'est plus neutre. Enfin, est également évoqué le sujet des pathologies mentales dont l'origine reste toujours obscure pour un bon nombre : influences de l'environnement ? Influences génétiques ? [...]

[...] Un compromis idéal reste donc une interaction équilibrée entre la médecine qui discuterait de l'applicabilité des nouveautés scientifiques d'un point de vue humaniste et éthique et le monde scientifique qui lui apporterait de potentielles et nouvelles applications thérapeutiques. A ce sujet, la mise en place d'espaces de discussion éthique au sein de chaque hôpital assortie de l'instauration d'un système de remontée des informations vers une instance telle que le CCNE, en mesure d'orienter, d'aiguiller les législateurs sur la conduite à tenir pourrait constituer un élément de réponse au problème. [...]

[...] Que répondre au grand public face aux espérances démesurées véhiculées par les médias quant à la lutte contre le cancer par le biais de la thérapie génique ou bien encore comment souligner l'importance capitale de la divergence des concepts de génotype (ce qui est inscrit dans notre patrimoine génétique) et phénotype (ce que nous sommes à un moment donné de notre existence Le génotype peut-il et doit-il prédire le phénotype ? On imagine aisément une atteinte directe des principes d'autonomie et d'équité du patient discriminé de par une mutation affectant son génome. La bioéthique, définie par l'application de l'éthique aux sciences de la maîtrise du vivant, prend alors un rôle prépondérant pour apporter une orientation à la société afin de, comme son étymologie l'indique, rendre un espace habitable en portant réflexion aux mœurs à adapter pour mieux vivre en communauté. [...]