Les Impatientes - Djaïli Amadou Amal (2020) - La servitude des femmes

Thèmes abordés

Les impatientes, Djaïli Amadou Amal, roman, faits réels, femme, société patriarcale, culture, religion, famille aisée, coran, féminicide, viol, assassinat, éducation, rôle du père, de la mère, oeuvres réalistes, le Rouge et le noir, relation familiale, répudiation, infidélité, mariage, mariage arrangé, mariage précoce, honneur, polygamie, désespoir, paradis, patience, résignation

Résumé du document

Ce roman polyphonique expose au lecteur le destin de trois femmes vivant à l'extrême nord du Cameroun. Ces femmes aux destins plus que liés nous transportent dans cette société de la fin du XXe et du début du XXIe siècle, fracturée par un patriarcat permanent qui structure les relations amicales, conjugales ou encore familiales. C'est avec la présence permanente de la religion et de l'expression de la fameuse volonté d'Allah, que le leitmotiv de la patience, « munyal », s'exprime, et que l'on tente de faire adopter aux femmes la résignation et l'acceptation de la polygamie, du viol, conjugal ou non, de la violence ou encore du mariage forcé qui encadre la femme tout au long de sa vie.

Extraits

[...] Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. » Pour terminer, ce roman nous expose la servitude des femmes, mais accompagnées d'une raison à cette sorte de servitude, elle est totalement justifiée et tournée autour de « munyal Ramla, munyal Hindou, munyal Safira, munyal, femme ». Mais l'autrice, au-delà de nous chagriner face à de tels destins, nous laisse une touche de bonne perspective, L'impuissance de l'autrice devenue son impatiente, elle même devenue une volonté a gravi les échelles jusqu'à apercevoir l'espoir d'un exutoire envisageable et porteur de bons présages. [...]

[...] Expressions marquantes du texte Enfin en petit bonus, je vous ai récolté quelques phrases ou parts de phrases qui m'ont marqué au cours du roman, et donc j'espère que ça vous donnera envie de le lire pour découvrir cela plus en détails. Tout d'abord des citations qui exhibent les situations familiales : « La coutume impose la retenue dans les relations entre parents et enfants, au point qu'il est impossible de manifester une émotion, des sentiments. » D'autre part, il y a une culture permanente de la pression sur les femmes : « Alors un seul mot, munyal Patience Car tout relève ici de ta responsabilité. [...]

[...] Mais c'est un tout autre destin qui l'attend. Au programme, mariage forcé, mariage triste, mariage non consenti avec l'homme qui pourrait être son père. Ramla supplie, en vain, Ramla veut avoir le choix, mais elle ne l'aura pas : « « Sauvez-moi, je vous en supplie, on me vole mon bonheur et ma jeunesse. Sauvez-moi, je vous en supplie, on m'arrache mes rêves, mes espoirs. » Hindou, elle, est plus jeune que Ramla. Elle sera mariée pour sauver l'honneur de sa famille à son cousin Moubarak, alcoolique, drogué, violent, violeur. [...]

[...] Nous pouvons aussi regretter le manque de précision sur l'organisation des différentes présences de peuples dans le pays, ainsi que de cultures et religions. Mais cela reste vraiment minime face à la grandeur du récit, surtout que cela nous pousse en fait, par curiosité, à nous renseigner par nous-mêmes et comprendre encore plus ce qu'il se passe. De plus, comme je l'ai dit précédemment, la religion est vraiment au centre de toutes les préoccupations, c'est ce qui guide les actions de chaque individu ou en tout cas c'est l'objectif que l'on souhaite appliquer. [...]

[...] On retrouve aussi des mariages intra-familiaux parfois jugés nécessaires pour sauver l'honneur de la famille. Enfin, le thème principal demeure tout de même la condition féminine. On retrouve l'ensemble des pires crimes que connaissent encore certaines femmes, comme je l'ai dit plus tôt : viol, violence, coups, manque de respect, servitude, menaces, et j'en passe . L'autrice nous plonge dans cet univers inégalitaire, inéquitable par son art, par l'authenticité de ces témoignages aussi qui relève d'une réelle connaissance de la situation et d'un vécu. [...]