Ce document est un commentaire complet et entièrement rédigé du poème « Si tu t'imagines », de Raymond Queneau. Il a notamment été élaboré dans le cadre de l'épreuve orale du baccalauréat de français.
Ici, nous nous demanderons comment Raymond Queneau réussit à renouveler le thème traditionnel du carpe diem et parvient à créer un poème original et moderne.
Pour cela, nous verrons dans un premier temps que ce poème s'inspire de la tradition. Puis nous remarquerons que la modernité du texte en fait un poème très original. Enfin, nous nous pencherons sur la leçon délivrée par ce poème.
[...] Il s'agit d'un thème que l'on retrouve notamment chez Baudelaire dans des poèmes comme « Remords posthumes » ou encore « Une charogne ». oo Mais c'est surtout Ronsard que Queneau reprend ici, notamment avec la mention des « roses de la vie » qu'il faut « cueillir », qui sont une référence intertextuelle directe au célèbre sonnet de Ronsard « Quand vous serez bien vieille », écrit pour Hélène. oo La mort est mentionné implicitement : « vers sque tu vois pas ». Il s'agit ici d'une référence au gouffre qui attend la jeune fille. [...]
[...] Le rythme est saccadé et chantant. Concernant les rimes, elles sont aléatoires et certains vers ne riment pas. Nous sommes ici plutôt dans un schéma d'assonnances comme dans les chansons : « guêpe / biceps » oo La présence d'un refrain nous amène également à rapprocher ce texte d'une chansonnette : « ce que tu te goures / fillette fillette / ce que tu te goures » revient à chaque fois en fin de strophe, créant ainsi un effet cyclique. [...]
[...] oo « si tu t'imagines / xa va xa va xa / va durer toujours / la saison des za / la saison des za / saison des amours / ce que tu te goures ». La « saison des amours », autrement dit la jeunesse, est éphémère. Il en est de même de sa beauté juvénile. Son « teint de rose » sera bientôt envahi par « la ride véloce » et sa « cuisse de nymphe » sera déformée par la « pesante graisse » 2. Un poeme original par sa modernité a. [...]
[...] A ce titre, les surnoms qu'il lui donne marquent la supériorité du poète sur la jeune fille. Il semble se rapprocher d'une figure paternelle : « fillette », « petite », ou encore « ma petite ». Sa leçon est ici paternaliste : il estime qu'il sait mieux qu'elle et qu'il peut se permettre de lui dire comment elle est censée se comporter. b. Une leçon qui passe par l'humour oo Queneau joue énormément dans ce poème, que ce soit sur les sons, comme nous l'avons vu, ou encore sur les effets de décalage. [...]
[...] De plus, les « mignons biceps » proposent également un décalage assez évident. Si « mignon » renvoie encore une fois à Ronsard, qui utilise beaucoup cet adjectif, le terme scientifique « biceps » crée une chute comique, là où on s'attendrait au terme plus neutre « bras ». Enfin, l'énumération de la dernière strophe vient contrecarrer celle de la deuxième. A l'idéal ronsardien va succéder un physique bien moins agréable et Queneau exagère les traits de cette vieille femme peu attirante, par le biais d'hyperboles : « la ride véloce / la pesante graisse / le menton triplé / le muscle avachi ». [...]
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