Illusions perdues, Honoré de Balzac, morale, immoral, corruption des lecteurs, manichéisme, journalisme, littérature, bien et mal, machiavélisme
À sa publication dans les années 1830, l'oeuvre fait face à de nombreuses critiques, essentiellement dirigées sur sa prétendue immoralité. D'après ces détracteurs l'oeuvre mettrait en scène la séduction exercée par des criminels lucifériens, et une ambition démesurée des héros : ces éléments corrompraient l'esprit des lecteurs.
Il convient donc d'étudier l'oeuvre de Balzac à travers le prisme de la morale et de l'immoral.
[...] Cette représentation de la morale est donc fonctionnelle : dans Illusions perdues, la morale est reconvertie en potentialités narratives. Ainsi, le roman peut être considéré comme un drame des valeurs à double titre : parce qu'il met en scène un naufrage des valeurs et parce qu'il est mis en scène à partir de valeurs converties en élan narratif. De plus, la question morale fait l'objet d'une mise en récit dans la bouche même des personnages. Lucien fait des confessions : à d'Arthez au moment de rédiger le brûlot contre son livre, à Carlos Herrera au bord de son suicide. [...]
[...] La plupart des interlocuteurs de Lucien livrent un prêche machiavélien : Bargeton l'initie à l'égoïsme du génie, les journalistes le font tomber dans les fastes de la vie parisienne . Lousteau affirme, alors que Lucien hésite à tremper dans des affaires louches avec Florine et Matifat, que cette hésitation est semblable à des scrupules de religieuse qui s'accuse d'avoir mangé son œuf avec concupiscence . Herrera est la représentation la plus aboutie et la plus cynique du machiavélisme. Ainsi, Lucien est représentatif de son temps et de son milieu, où le machiavélisme est le nouveau mode de sociabilité des individus. [...]
[...] La critique de Balzac touche aussi la vie parisienne : elle est décrite comme un enfer parisien , il mentionne à plusieurs reprises la corruption parisienne . Ainsi, le roman fait le récit des oscillations de Lucien entre les pôles du Mal et du Bien, incarnés par différentes instances face auxquelles il est placé au fil de son apprentissage et entre lesquelles il doit faire un choix, jusqu'à sa corruption finale par le démon qu'est Vautrin/l'abbé Herrera. La volonté de Balzac de faire ressortir cette trajectoire morale est à l'origine de certains choix formels : ainsi, le texte est parsemé de bulles de discours intérieur qui retransmettent les hésitations et les dilemmes des personnages, essentiellement de Lucien ( de l'or à tout prix Cependant, la vertu intransigeante des Séchard et du cénacle, bien qu'elle soit un idéal admirable, résulte de l'exclusion volontaire et de la marginalité de ces personnages. [...]
[...] D'après ces détracteurs, l'œuvre mettrait en scène la séduction exercée par des criminels lucifériens, et une ambition démesurée des héros : ces éléments corrompraient l'esprit des lecteurs. Il convient donc d'étudier l'œuvre de Balzac à travers le prisme de la morale et de l'immoral. Une œuvre caractérisée par un important manichéisme Le roman est construit sur un système de valeurs antithétiques polarisé entre le Bien et Mal. Les images employées par Balzac sont d'une très grande transparence morale. Ce manichéisme s'opère dans les domaines de l'écriture : le journalisme représente le Mal, et la littérature est le symbole du Bien. [...]
[...] Le but d'une confession est d'aboutir à l'élévation morale. Mais dans les discours de Lucien, l'enjeu de la confession est déplacé : elle ne finit par être qu'une pure construction de langage. Le repentir sincère est annulé par la performance littéraire à laquelle se livre Lucien. De sorte, le lecteur participe à la dimension morale de la littérature, vérifie qu'il n'est pas en proie à une illusion de morale, et doit donc chercher par lui-même les fondements de la morale du roman. [...]
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