Pierre Corneille est issu d'une famille bourgeoise aisée de magistrats, et se destine à une carrière d'avocat. En 1635, il écrit L'Illusion comique, qui est sa huitième pièce. Dans "L'Examen adressé à Mademoiselle M.F.D.R.", Corneille présente sa pièce comme "une galanterie extravagante qui a tant d'irrégularités qu'elle ne vaut pas la peine de la considérer". Il énumère d'entrée de jeu les différents genres et références contenus dans cette "Comédie imparfaite".
DansL'Illusion comique, Pridamant est un père qui désespère d'avoir des nouvelles de son fils, il demande de l'aide à un magicien, Alcandre. Celui-ci met en scène les aventures périlleuses de son fils, Clindor, qui vont en fait se révéler être un spectacle théâtral. Cette pièce est donc une comédie sur le théâtre. De quelle manière le sujet théâtral est-il traité ?
Cette comédie sur l'illusion est de croire réel ce qui est imaginaire. Que signifient dès lors le vrai et le faux ? Dans cette pièce Corneille déconcerte volontairement le spectateur pour l'amener à son tour à s'interroger sur le réel (...)
[...] Le dramaturge, comme le mage, d'un mot commande à la nature (vers 1). Alcandre est une image symbolique du dramaturge, une illustration de son métier de créateur. Parmi les autres personnages, on trouve Géronte, qui signifie vieillard Il est enraciné dans la tradition théâtrale : il est le père autoritaire qui oublie que l'amour ne se commande pas et qu'on ne fait pas le bonheur des gens malgré eux. Le personnage d'Adraste porte de nombreuses qualités : il est noble, riche, bien élevé, et même parfait (vers 635) selon Isabelle. [...]
[...] Il correspond symboliquement à l'acteur manqué, voué à faire parade d'une bravoure qui n'existe que dans son imagination. Ce n'est pas un héros : il joue les héros, interprète. Matamore a constamment besoin d'un public, devant lequel il entretient complaisamment ses rêves de grandeur. Quand son public lui fait défaut, il redevient un lâche terrifié à l'idée de mourir. Le fanfaron n'existe vraiment et pleinement que dans ses pseudo-exploits. Il fait de sa vie une immense scène, où le réel et l'imaginaire se mêlent. [...]
[...] Il dédaigne les effets de tonnerre, d'éclairs et de fumée (vers 49 à 55) ; il méprise les magiciens qui utilisent des herbes des parfums (vers 129), des mots inconnus (vers 128) dans le seul but de se faire valoir et d'inspirer la peur (vers 132). La magie dont il s'occupe n'a donc que peu à voir avec les pratiques occultes des sorciers. Tel que le dépeint Dorante, et tel qu'il apparaît dans la pièce, Alcandre se montre profond psychologue. Rien d'humain ne lui est étranger. Ce vieillard comprend la souffrance de Pridamant. Sa délicatesse est en outre évidente. [...]
[...] Dans L'Illusion comique on retrouve des évocations de diverses sortes de pièces de théâtre qui existaient au XVIIe siècle. La pièce fonctionne comme une parade (un défilé que les comédiens donnaient pour annoncer leur spectacle, ils donnaient à voir des extraits). L'Illusion comique évoque diverses formes dramatiques dont la comédie fondée sur le ressort le plus banal du théâtre comique, la tragédie (dans l'acte la farce (lorsque Matamore est menacé de bastonnade dans la scène 4 de l'acte la pastoral (par la présence du magicien Alcandre et le décor champêtre : la grotte) et la tragi-comédie (avec l'emprisonnement et la condamnation à mort de Clindor). [...]
[...] Tel, en effet, un dramaturge inventant des personnages qui seront joués par des acteurs, Alcandre offre au regard de Pridamant une sort de spectacle (vers 152 et 153, Par des spectres pareils à des corps animés, / Il ne leur manquera ni geste, ni parole Une intrigue confère à ces spectres une consistance et une vraisemblance psychologique. Alcandre met en scène une histoire dans sa grotte, qui devient une salle de spectacle. Elle est plongée dans la nuit et est illuminée par les rayons d'un faux jour (vers comme est éclairée la scène où se meuvent les acteurs. [...]
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