L'Illusion comique, Corneille, littérature baroque, genre dramatique, Alcandre, Pridamant, Dorante, Clindor, Prospero, théâtre, littérature pastorale, rhétorique, hyperbole, magie, surnaturel, allocution, tragédie
Qualifiée d'"étrange monstre" par son auteur, "L'Illusion comique" est une pièce singulière même à l'intérieur du courant baroque. En effet, la pièce réunit des éléments appartenant à plusieurs genres dramatiques (la pastorale, la comédie, la farce, la tragi-comédie, la tragédie) et fonctionne sur plusieurs niveaux qui s'emboîtent les uns dans les autres. La deuxième scène de l'acte I est précisément le moment où Alcandre, un magicien atypique, met en place les niveaux de la pièce. Il apparaît ainsi "l'action-cadre" (Christian Biet) ou l'histoire principale et le deuxième niveau de l'action ou l'histoire enchâssée, celle des "fantômes" convoqués par Alcandre. C'est le début de l'illusion.
[...] Le magicien fait sur-le-champ la preuve de son art et montre Clindor à son père désespéré. Les deux visiteurs sont entièrement sous le contrôle d'Alcandre qui voit tout et donc sait tout. En contrôlant le champ visuel de Pridamant et Dorante, Alcandre maîtrise l'illusion. Une illusion qui pourrait d'ailleurs faire peur. Par ses actions et ses monologues, le magicien se démarque de ses homologues pastoraux. Car son rôle est de mettre en place le théâtre dans le théâtre et faire un magnifique plaidoyer pour l'art dramatique. [...]
[...] Conclusion partielle - transition : Alcandre se trouve en position de force non seulement parce qu'il peut renvoyer le troisième personnage, mais surtout parce qu'il contrôle entièrement ce que voient ses deux visiteurs . Un coup de baguette . Contrôler la vue Le mot savoir apparaît dès l'incipit de la scène. Très vite se tisse l'isotopie du savoir (ex. v doctes , v à qui rien n'est secret - périphrase d'Alcandre ; v oxymore qui vois sans nous voir toutes nos actions , v [ . [...]
[...] Les indices parsemés dans toute la scène montrent déjà le statut particulier de ce magicien et font penser à sa tâche extraordinaire : un plaidoyer pour le théâtre. La magie mise au service du théâtre Alcandre, un magicien pas comme les autres . Grâce à la rhétorique de l'hyperbole, mise en évidence dans la première partie de cette étude, Corneille crée une figure positive, dotée de pouvoirs exceptionnels . Dès le premier vers de la scène, Alcandre est caractérisé de v démon (sens = être surnaturel, bon ou mauvais). Dorante parle de v doctes veilles (quand les autres dorment . de nouvelles merveilles (v. [...]
[...] Pourtant, le spectateur de L'Illusion comique n'est pas au courant qu'il s'agit de comédiens et, en aucun cas, Pridamant. Mais le véritable tour de force, c'est qu'après la didascalie, Alcandre dit à Pridamant : v. 134-136 Jugez de votre fils par un tel équipage/Eh bien, celui d'un Prince-a-t-il plus de splendeur ? /Et pouvez-vous encore douter de sa grandeur? Cette réplique ne dévoile son ambiguïté qu'à la relecture Même le lecteur, qui a lu la didascalie, est dupe de l'illusion Ces indices parsemés ne dévoilent leur double sens qu'à la fin de la pièce, au moment où apparaissent clairement tous les niveaux de l'emboîtement : une pièce (acte s'enchâsse dans une autre pièce (actes II, III, IV) qui s'enchâsse elle-même dans une première pièce (acte I et fin de l'acte (Georges Forestier, Préface, p. [...]
[...] D'un coup de baguette magique, Alcandre fait la preuve de son art et leur montre le fils perdu. L'illusion porte d'abord sur le champ visuel des personnages que le magicien contrôle entièrement. Car la vue est le sens le plus important de l'être humain, le contrôle de la vue implique le contrôle du savoir et donc du pouvoir des personnages, victimes de l'illusion. Mais bientôt il s'avère qu'Alcandre n'est pas un magicien comme les autres, car il met en place habilement la structure baroque du théâtre dans le théâtre . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture