L'île des esclaves scène II, Marivaux, travail d'analyse préparatoire sur la tirade de Trivelin, l'usage des maîtres, prémices du programme pédagogique, humanisme des Lumières, l'apologue, genre théâtral
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, journaliste, romancier et auteur dramatique des Lumières, publie en 1725 la comédie en prose : ''L'Île des esclaves''. L'analyse préparatoire en question porte sur la deuxième scène de l'œuvre de Marivaux et plus précisément, sur la tirade de Trivelin (aux lignes 72 à 101). Le petit monologue de Trivelin fixe les règles à l'usage des maîtres. Il y retrace rétrospectivement leurs évolutions. Dans un premier temps, il détaille en effet les prémices du programme pédagogique du temps où leurs pères ôtaient encore la vie à leurs anciens maîtres.
Il précise que ces actes étaient faits par vengeance. On le remarque particulièrement aux lignes 72 à 78 dans lesquelles l'orateur précise comment leurs ancêtres quittèrent la Grèce pour venir s'installer sur l'île des esclaves et comment, sous l'effet de la cruauté et des outrages répétés de leurs ''patrons'', décidèrent de donner la mort à tous les seigneurs qui s'y présenteraient.
[...] L'analyse préparatoire en question porte sur la deuxième scène de l'œuvre de Marivaux et plus précisément, sur la tirade de Trivelin (aux lignes 72 à 101). À cet effet, nous tenterons de répondre aux trois questions suivantes . Quels sont les différents moments du ''petit monologue'' de Trivelin qui fixent le programme pédagogique à l'usage des maîtres ? En quoi Trivelin pourrait-il être un représentant du Siècle des Lumières ? À quel genre littéraire peut-on rattacher cette tirade ? . [...]
[...] Il revient ensuite au présent, en indiquant à Arlequin et à Cléanthis, que la raison a aujourd'hui pris le pas sur la vengeance, que le traitement est devenu dur moralement mais que les maîtres n'ont plus à payer le prix du sang pour réparer leurs erreurs passées. On le constate précisément aux lignes 84 à 88 où Trivelin parle de la barbarie que les anciens esclaves veulent éradiquer du cœur des ''patrons''. Il décrit, pour cela, la façon dont ils procèdent pour y arriver ; réduire les maîtres en esclavage pour que ceux-ci puissent se rendre compte des conditions d'existences terribles de leurs valets. Qu'ils prennent conscience, qu'ils deviennent sensibles aux maux que leurs serviteurs subissent. [...]
[...] Le deuxième genre présent ici se rapproche de l'apologue. En effet, Trivelin nous dicte explicitement dans sa tirade la morale, la raison pour laquelle les maîtres doivent suivre leur ''rééducation'' de trois ans. On le constate particulièrement aux lignes 97 à 101 où il dresse l'état moral des maîtres qu'il juge mauvais. Il les considère même comme étant des malades, des patients à soigner et la cure consiste à les rendre plus humains. Un traitement qui devrait durer trois ans. [...]
[...] Trivelin tente donc de faire adopter sa pensée, car pour lui, elle représente un idéal, une cause juste et noble (tout comme les philosophes des Lumières en leur temps), contrairement à celles majoritaires jusqu'alors ou qui étaient encore majoritaires (la liberté contre l'esclavagisme, le bonheur et la joie face à la souffrance). L'attitude affichée par les anciens esclaves démontre aussi une réflexion philosophique intérieure, puisqu'aux lignes 76 à 81, Trivelin précise qu'au commencement, ils ôtaient la vie à tous les maîtres qui avaient le malheur de se présenter sur l'île. Après quelques années, la raison reprit le pas sur la colère et les nouveaux hommes libres abolirent cette loi mortelle. [...]
[...] Ses qualités sont remarquables, comme l'on peut s'y attendre de la part d'un humaniste. Qui plus est, le programme pédagogique à l'attention des maîtres a justement pour but de les rendre plus humains : Votre esclavage ou plutôt votre cours d'humanité dure trois ans (scène II Trivelin L88-89) ; et nous ne prenons que trois ans pour vendre sains, c'est-à-dire humains, raisonnables, et généreux pour toute votre vie. (scène II Trivelin L99-101). Cette tirade est un genre double, car, l'on y retrouve deux axes marqués. [...]
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