Marivaux, "L'île des esclaves", Scène 2 : Tirade de Trivelin (commentaire composé)

Résumé du document

Commentaire composé de la tirade de Trivelin (Scène 2) de la pièce de théâtre L'île des esclaves de Marivaux.

Extraits

[...] La nécessité de cette mesure est alors mise en valeur par le terme et conséquemment de la phrase et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves ligne 5. Cette position remet en cause l'ordre social et a donc une portée révolutionnaire. La deuxième loi laisse la vie sauve aux maîtres mais n'oublie pas pour autant les esclaves ainsi que le suggère la phrase «nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs lignes 12-13. Les esclaves sont le principal centre d'intérêt. [...]

[...] Dans sa longue tirade, Trivelin a un rôle d'autorité. Tout d'abord, celui-ci a de nombreuses manifestations d'autorité. Cela est visible à la longueur de sa tirade. Il impose le silence aux autres et garde longtemps la parole. Cette autorité est également visible à travers l'utilisation de l'impératif qui ouvre sa réplique : m'interrompez point, mes enfants Trivelin donne des ordres qu'il réitère envers les maîtres au milieu de sa tirade comme le montre la phrase mettez à profit leur rigueur salutaire, remerciez le sort qui vous conduit ici L'apostrophe mes enfants a une touche de paternalisme. [...]

[...] Cependant, ce rôle d'autorité que possède Trivelin n'est pas le seul. Trivelin a également un rôle d'avocat des esclaves. Tout d'abord, il critique la violence des maîtres. Celle-ci est dénoncée à travers tout un vocabulaire péjoratif qui dénonce leur manque d'humanité ainsi que le montrent les phrases irrités de la cruauté de leurs maîtres lignes c'est la barbarie de vos cœurs ligne et le ternaire d'adjectif il vous remet en nos mains durs, injustes et superbes lignes 15-16. (Au sens latin, superbe signifie orgueilleux A travers tous ces termes, leurs défauts moraux sont dénoncés longuement. [...]

[...] Ce sont là nos lois à cet égard ; mettez à profit leur rigueur salutaire, remerciez le sort qui vous conduit ici ; il vous remet en nos mains durs, injustes et superbes ; vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir ; vous êtes moins nos esclaves que nos malades, et nous ne prenons que trois ans pour vous rendre sains, c'est-à-dire humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie. Marivaux, L'île des esclaves, Scène Auteur du siècle des Lumières soucieux de la question sociale, Marivaux écrit et fait jouer en 1725 par les Italiens L'îles des esclaves, une pièce dans laquelle il met en place une utopie sociale. Sur l'île des esclaves où le naufrage les a précipités, le valet Arlequin courrait le risque d'être battu par son maître Iphicrate si l'insulaire Trivelin n'était venu à son secours. [...]

[...] Cette recherche pratique de l'autocritique n'a aucune portée révolutionnaire. Dans cet extrait de L'île des esclaves, le discours vif de Trivelin a une force critique très sévère mais une portée tempérée par le recours à l'expérience morale plus qu'à l'action politique. Il y a une adéquation entre le choix du genre littéraire du théâtre où l'on fait l'expérience de l'autre et le projet proposé par Trivelin, à la foi porte-parole, avocat des esclaves et professeur de morale, d'inverser les rôles sociaux entre les maîtres et les esclaves. [...]