Commentaire composé sur un extrait de la sixième scène de L'île des esclaves, de Marivaux : la réconciliation.
[...] Cette pièce de théâtre dans le théâtre est en fait une parodie d'un comportement de classe. Les deux valets parodient le comportement amoureux des maîtres. Tout d'abord, ceux-ci imitent le langage ainsi que les attitudes des maîtres dans les scènes amoureuses. Pour caricaturer leur langage, le vocabulaire de la galanterie est utilisé aussi bien par Cléanthis que par Arlequin comme le montrent les adjectifs jour tendre ligne vous êtes galant ligne 14, ainsi que les noms «des douceurs ligne 15, des compliments. [...]
[...] Vous défigurez notre conversation. ARLEQUIN. Oh ! ce n'est rien : c'est que je m'applaudis. CLEANTHIS. Rayez ces applaudissements, ils nous dérangent. (Continuant.) Je savais bien que mes grâces entreraient pour quelque chose ici, Monsieur, vous êtes galant; vous vous promenez avec moi, vous me dites des douceurs; mais finissons, en voilà assez, je vous dispense des compliments. ARLEQUIN. Et moi je vous remercie de vos dispenses. CLEANTHIS. Vous m'allez dire que vous m'aimez, je le vois bien; dites, Monsieur, dites; heureusement on n'en croira rien. [...]
[...] Le théâtre devient donc le lieu privilégié de la conscience de soi. La didascalie «Iphicrate et Euphrosine s'éloignent en faisant des gestes d'étonnement et de douleur. Cléanthis regarde aller Iphicrate, et Arlequin, Euphrosine lignes indique la présence muette des spectateurs qui se trouvent en situation de soumission puisqu'ils n'ont pas le droit d'intervenir. Les gestes de douleur des maîtres indiqués dans la didascalie montrent leur humiliation et répondent donc bien au programme dicté par Trivelin dans la scène 2 puisqu'il leur annonçait une souffrance rédemptrice. [...]
[...] Cléanthis regarde aller Iphicrate, et Arlequin, Euphrosine. ARLEQUIN, se promenant sur le théâtre avec Cléanthis. Remarquez-vous, Madame, la clarté du jour ? CLEANTHIS. Il fait le plus beau temps du monde; on appelle cela un jour tendre. ARLEQUIN. Un jour tendre ? Je ressemble donc au jour, Madame. CLEANTHIS. Comment ! Vous lui ressemblez ? ARLEQUIN. Eh palsambleu ! le moyen de n'être pas tendre, quand on se trouve en tête à tête avec vos grâces ? ce mot, il saute de joie.) Oh ! [...]
[...] Il leur montre ce qu'il faut faire pour être naturel. Cela est également une leçon pour les spectateurs. Avec cet extrait de L'île des esclaves, Marivaux s'inscrit dans une tradition comique qui est de faire rire pour corriger les mœurs. Pour cela, il utilise le théâtre dans le théâtre à des fins de leçon morale dans le respect du programme annoncé par Trivelin. La cruauté de ce jeu théâtral pour les maîtres vise à les réformer plus qu'à remettre véritablement en cause l'ordre social. [...]
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