L'Ignorant, Philippe Jaccottet, 1958, poésie, choses
« La poésie de Philippe Jaccottet s'écarte de toute violence faite aux choses, ou faite à soi » affirmait Jean Roudeau dans son opuscule intitulé De l'image à l'icône. Aussi, si nous sommes en prise avec un combat comme nous le laisse entendre le titre du poème : « Le combat inégal », il ne serait nullement question de violence puisque la poésie de PJ « procède non d'une opposition, mais d'un questionnement » (Roudeau bis)… Alors que l'Effraie (recueil qui précède l'Ignorant auquel notre poème appartient) présentait un poète en proie à l'incertitude et à l'inquiétude, le motif de l'effroi et de l'hésitation demeurait quelque peu obscur ; il se précise en fait ici et donne lieu à un bilan en 1969 dans les Leçons. On constate ainsi que la poésie de PJ est sensiblement corrélée à son vécu. Dans ce poème écrit en distiques, J utilise son oreille « intérieure », assouplit le vers, le « prosaïse » : ce qui importe c'est le souffle, c'est l'inflexion de la voix, c'est le naturel. Cependant, se rendre au plus proche de la nature n'est pas chose aisée parce que la poésie et la réalité entretiennent souvent une relation agonistique.
[...] 1°Nous analyserons d'abord les artifices poétiques utilisés par Philippe Jaccottet dans son travail de décryptage/ cryptage, puis nous verrons en quoi faute de pénétrer le mystère de celle-ci, nous offre une peinture impressionniste de l'espace, laquelle aboutit à la formulation d'une poésie existentialiste qui arbore un certain scepticisme concernant les fins de l'écriture poétique. Mon travail est non exhaustif, il s'agit d'un plan plus ou moins détaillé (histoire d'avoir les grandes lignes susceptibles de concerner notre thème). I-Décryptage/ décryptage// le poète et les choses. Pourquoi les mots ? [...]
[...] -saisir un instant le jour passe clôt le vers. L'espace central comme nous les montre la rime finale un espace passe + balancement une autre un autre implique dynamique qui accompagne la plongée du soleil dans la terre. La lumière allitération en l et labiale accompagne le flot débordant des mots qui n'est plus canalisé Le climax : v.7 flots débordent puis que vers de 20 syllabes (débordement remarquable sur le plan visuel). On est proche de la prose même si quelque chose du sonnet (1er vers du tercet rappelle le 1er vers du quatrain). [...]
[...] Colle 2 : P Jaccottet, L'Ignorant (1958). Le combat inégal Cris d'oiseaux en novembre, feux des saules, tels sont-ils, Les signaux qui me conduisent de péril en péril. Même sous les rochers de l'air sont des passages Entre lavande et vigne filent aussi des messages. Puis la lumière dans la terre, le jour passe, Une autre bouche nous vient, qui réclame un autre espace. Cris de femmes, feux de l'amour dans le lit sombre, ainsi nous commençons à Dévaler l'autre versant d'ici. [...]
[...] trainer montre qu'il s'accroche à la réalité concrète des choses. C'est hinc et nunc que la vie se joue comme nous le montre le futur proche nous allons La dynamique de la vie nous apparait dans le syncrétisme du rire et des soupirs ( pour l'un il s'agit de l'éclat de rire pour l'autre du souffle de vie) ; Le poète invoque toutes les forces de vie pour conjurer la mort. Conjurer la mort : et 12) négations rien ne qui rime avec nœud montre que le poète cherche un refuge dans la poésie, une sécurité (cf rien ne pourra plus entre deux coupes), un îlot de prospérité. [...]
[...] Ces derniers vers marquent-ils la fin d'un combat ? En tout cas celle du cosmos, de l'ordre des étoiles qui se délabre (chaotique) sur les eaux. Cependant les points de suspensions montrent qu'après l'écriture la vie continue. Conclusion : PJ nous livre ici son expérience de poète qui reconnait l'aporie de la poésie dans sa quête de naturel. Sur le plan formel : le vers, la prose et le verset épousent tout au plus la pensée du poète qui peine à pénétrer les mystères des choses. [...]
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