identité, altérité, L'ignorance, Milan Kundera, personnages d'émigrés, notions antithétiques, communisme, statut d'émigré
Identité (vient de identitatem, nom formé de idem, « le même ») :
1) Dans le Littré : « qualité qui fait qu'une chose est la même qu'une autre, que deux ou plusieurs choses ne sont qu'une ».
2) D'un point de vue plus philosophique, l'identité est l'unité du moi et la « conscience qu'une personne a d'elle-même ». VOLTAIRE (Dictionnaire Philosophique, « Résurrection ») : « C'est la mémoire qui fait votre identité ; si vous avez perdu la mémoire, comment serez-vous le même homme ? ».
3) D'un point de vue psychologique, l'identité personnelle est la persistance de la conscience de soi qu'a un individu.
Altérité (antonyme d'« identité », vient de alter, « autre ») :
1) Caractère, qualité de ce qui est autre, distinct. FOULQ-ST-JEAN (Conscience et Amour) : « L'amour implique une certaine altérité, non pas de l'ordre du lui, qui est exclusion, mais de l'ordre du toi, qui est réciprocité de présence ». Relation avec l'autre.
2) Correspond à un changement de l'identité.
[...] On reconnaît le soulagement d'Irena lorsqu'elle retrouve un des siens. D'ailleurs, le dernier mot de Joseph prononcé à l'adresse d'Irena est ma sœur Joseph est à la fois un amour de jeunesse qui la ramène à son origine et un émigré, comme elle. Elle a donc l'impression qu'entre eux, un lien privilégié s'est formé. Mais il semble que Joseph n'ait pas la même idée de leur relation. Il ne se souvient plus de son histoire d'amour avec Irena. Ce qu'Irena imagine être un retour de l'amour, le vrai, ce qui pourrait représenter pour elle un retour à son identité originelle, ne semble représenter, pour lui, rien de plus qu'une aventure érotique passagère. [...]
[...] Ce pays est ce sur quoi l'identité d'Irena semble fondée. Mais l'exil a provoqué une altération de son identité d'origine. L'origine ne détermine donc pas toute l'identité. L'identité est en perpétuel changement. En quelque sorte, l'altération est un phénomène indissociable de l'identité. Altérité et identité vont de pair. Dans ce sens, on peut dire que ce n'est pas seulement l'émigré qui est à la fois même et autre, mais l'homme : son Moi change continuellement. L'identité est instable. Dès lors, on peut se demander si l'identité a un sens. [...]
[...] C'est aussi par choix qu'Irena et Martin ont quitté Prague. L'émancipation d'Irena envers son pays natal est voulue. On peut faire un lien entre cette émancipation et celle d'avec sa mère. Ne parle-t-on pas de mère patrie et de langue maternelle ? Iréna a toujours été opprimée par sa mère. Or, en quittant Prague, elle a quitté aussi l'oppression de sa mère. Le retour au pays natal est à rapprocher des retrouvailles avec sa mère. Tous les deux sont mal vécus par Irena, et la confortent dans son rejet. [...]
[...] L'inquiétante étrangeté est la traduction de Unheimlich en allemand. Or, Kundera, dans un long développement sur le terme nostalgie dans différentes langues, s'arrête sur celui de Heimweh en Allemand, qui littéralement, signifie le mal du foyer du pays Unheimlich signifie donc littéralement : qui n'est pas du foyer Cela montre à quel point Irena se sent française et non plus tchèque. Les personnages sont donc tous des émigrés, errant entre le passé et le présent, entre le même et l'autre, mais ils sont avant tout des êtres humains. [...]
[...] L'identité humaine est-elle continuellement altérée, n'est-elle qu'une altérité sans cesse renouvelée ? L'homme n'a-t- il pas une identité éternelle ? L'interrogation sur l'origine nous mène à nous intéresser au mythe. Dans le roman, Kundera fait allusion à plusieurs mythes qui apportent un éclairage à la situation de l'émigré. On trouve par exemple une référence au mythe du Paradis perdu : Le jour lui montrait le paradis qu'elle avait perdu, la nuit l'enfer qu'elle avait fui p Premier livre de la Bible (la Genèse) : La Chute de l'homme, Adam et Ève chassés du Paradis (jardin d'Éden). [...]
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