Hymne chrétien, Joachim Du Bellay, OEuvres de l'invention de l'auteur, 1952, religion
Joachim Du Bellay est un des poètes français qui marqua fortement le XVIème siècle, notamment pour avoir été avec Pierre de Ronsard l'un des fondateurs du mouvement poétique de la Pléiade.
Le recueil Œuvres de l'invention de l'auteur est publié en 1552, soit l'année précédant son départ pour l'Italie, où il demeurera quatre ans ; résidence qui sera la matière de son célèbre recueil Les Regrets.
[...] Hormis le lexique créatif, qui va de pair avec une élévation positive des noms figurant l'homme au gré de ses transformations, l'idée de truchement entre dieu et son image, est également très intelligemment mise en avant. L'âme est feinte, car elle ne vient pas des hommes, mais de Dieu et le portrait de ton image sainte v.22 est un concept n'émanant pas de Dieu, mais une représentation faite par les hommes. L'idée de portrait renvoie de nouveau à la peinture. [...]
[...] Il s'agira donc de montrer en quoi cet extrait du poème de Du Bellay est un hymne chrétien. Le commentaire linéaire sera un procédé d'étude pertinent puisqu'il permettra de découvrir le mouvement du texte qui évolue de l'individuel vers l'universel et qui, comme nous le verrons, nous permettra de le considérer comme calqué sur l'exercice de la prière tel qu'il était défini en France au XVIe siècle. On découvrira en effet un mouvement qui sous-tend le poème et permet de le diviser en partie, allant de la plainte individuelle du poète vers l'éloge et l'universalité de Dieu. [...]
[...] D'où cette invocation à la patience au vers 2. Le poète se sait condamné, il demande à Dieu de lui accorder la patience afin de conserver une foi inébranlable jusqu'à la fin de ses souffrances. Le poème passe ensuite dans une optique plus large en quittant l'aspect purement individuel de la plainte pour s'approcher de l'aspect universel, mouvement qui est identique dans l'exercice de la prière. Nouvelle interpellation de Dieu, entre virgule, pour signaler cette ouverture vers l'universel et monter d'un degré l'élévation du poème vers la prière : certes, Seigneur, v.9. [...]
[...] Ce processus se crée dans le cheminement même du poème puisque la foi et la toute-puissance divine louée, caractéristique de l'hymne, résultent de la délibération intérieure, ce qui permet de faire le parallèle entre le texte et l'exercice de la prière. Du Bellay affirme tout à la fois son appartenance à la foi catholique tout en rapprochant en profondeur religion et création poétique. Toutefois, l'extrait ne représentant que les trente premiers vers, il serait intéressant de poursuivre le commentaire sur la totalité du poème afin de l'appréhender dans son intégralité. [...]
[...] Les vers 11 et 12 sont primordiaux et ancrent le poème de Du Bellay dans le concept même de la prière redéfini au XVIe siècle, notamment comme Vigenère l'entérinera quelques années plus tard. En effet, la demande du poète n'est pas une simple supplique émanant de l'individu vers le Divin, mais bien un échange entre Dieu qui est en lui, qui est une part de lui, et Dieu qui surplombe toute création à la fois. Ce mouvement de Dieu à dieu par l'intermédiaire de l'homme apparaît clairement au vers 11 de toi vers toi La part de Dieu dans le poète s'adresse au Seigneur dans sa totalité, à l'image du poète qui adresse son discours en son nom, en celui d'Adam, en celui de tous les hommes. [...]
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