Hymne de Castor et Pollux, Ronsard, seigneur de Châtillon, Gaspard de Châtillon, combat contre un géant fils de Neptune, Jason
Dans l'Hymne de Pollux et de Castor, Ronsard entreprend de louer le seigneur de Châtillon, c'est-à-dire Gaspard de Châtillon, le frère d'Odet, par l'intermédiaire des héros mythologiques (car il faut « tonner hautement les louanges » de Gaspard de Châtillon, écrit Ronsard au début de l'hymne) Castor et Pollux. Pollux s'illustre lors d'un combat contre un géant fils de Neptune alors que tout l'équipage de Jason est menacé, tandis que Pollux brille lorsqu'il affronte Lyncé (frère d'Idas ; les Dioscures ont enlevé leurs fiancées). C'est ce second combat qui est au cœur de l'extrait que nous nous proposons d'étudier.
[...] Enfin, le parallélisme de construction aux vers 711-713 place par métaphore ces Guerriers hardiz au-dessus des Febvres de Vulcain (v.711). Les deux hommes sont également concernés : sont tous les deux plus prompts à mettre en mouvement leurs bras. Ainsi, que ce soit par leur riche équipement, leur posture géométrique et leur agilité au combat qui dépasse l'œuvre d'un dieu elle- même (Vulcain), Castor et Lycé semblent égaux dans ce combat. Pourtant, malgré cette apparence d'égalité, deux éléments pèsent sur la balance et finalement rendent inégal ce duel, pour le faire pencher à la faveur de Castor. [...]
[...] Nous nous demanderons en quoi cet affrontement entre les deux fratries fait ressortir la supériorité de Castor et Pollux, qui sont les intermédiaires que Ronsard a choisis pour mieux louer Gaspard de Châtillon. Dans un premier temps, nous verrons qu'il y a apparence d'égalité dans le combat. Mais une qualité de Castor, ainsi que la qualité des origines divines, renversent ce semblant d'égalité à la faveur des Dioscures. La concrétisation de cette supériorité enfin passe par une description très charnelle voire crue de la mort des frères Lyncé et Idas. [...]
[...] 708) ; ici le participe présent pris comme adjectif rend davantage encore le caractère mouvant de la lumière qui se disperse. La lumière provenant des armes est justement celle qui permet la couleur : les morions sont rouges d'étincelles (v.709). Ainsi, la richesse matérielle des deux guerriers, qui transparait à travers le luxe des matières et des couleurs, laisse penser que le duel se déroule sur un pied d'égalité. De plus, on observe une certaine symétrie entre Castor et Lyncé. [...]
[...] On observe ainsi un glissement progressif d'une description charnelle et crue à une description plus distanciée, plus humaine : sans doute aussi pour rappeler l'humanité de Castor et Pollux à partir de celle rendue aux deux frères agonisants. Cette réhumanisation s'opère aussi à travers la description plus élevée (que l'évocation des organes, plus terre à terre) du passage de la vie à la mort : par exemple, l'euphémisme métaphorique du dur sommeil de fer (v.730), ainsi que la comparaison comme vent souspira son âme dans les cieulx (v.732), rendent à cette poésie de la mort un aspect plus haut voire plus noble après avoir peint dans les termes les plus violents la chair vitale abîmée. [...]
[...] D'autre part, la filiation à Jupiter est la qualité qui achève de faire pencher la balance lors de cet affrontement car elle montre que les deux frères sont intouchables, ce qui achève de prouver leur puissance. En effet, lorsqu'Idas tente de venger la mort de Lyncé, dans la dernière partie de l'extrait, c'est cette fois Jupiter qui vient défendre Castor. La filiation est directe, comme le montre le complément d'objet direct sa race dans : Mais Jupiter d'en haut sa race défendit (v.739) ; le complément étant antéposé, la race c'est-à-dire les deux frères, est mise en valeur du point de vue de sa filiation divine. [...]
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