A quelles conceptions de la philosophie s'oppose Husserl ? Il s'oppose à la philosophie littéraire, seulement privée ou scolaire - avec une méthode séparée, c'est-à-dire quand on imite un modèle extérieur ou applique des paradigmes comme des recettes.
Pour philosopher faut-il nécessairement adopter une démarche radicale et tout reconstruire soi-même ? Husserl pose la nécessité de relier la démarche à la décision initiale du philosophe (...)
[...] Il est clair par conséquent que Husserl radicalise le projet cartésien en soulignant ses traits les plus forts. Pourquoi insiste-t-il autant ? Parce que la tradition les a recouverts et laissés de côté sans les prendre la source” et en ne faisant que les répéter dans un sens affaibli. Pour Husserl, le projet doit être, non un modèle parmi d'autres possibles mais prototype” : le type fondamental et premier dans l'ordre des sciences (c'est-à-dire sans lequel il n'est pas de modèle qui tienne, de paradigmes flottants, de recettes ou d'exemples repérables quelque part. [...]
[...] Son réel sujet par conséquent n'est ni privé ni littéraire : son est l'universel en acte, le cartésien, universel et singulier à la fois. Il y a cet universel parce qu'il y a la décision subjective de le suivre. D'où l'enracinement subjectif, et l'appropriation qui en résulte. Mais il n'y a cette décision de possible que parce qu'il y a une nécessité qui relie l'objet et le sujet : toute conscience est conscience de quelque chose de tel que par cette conscience même : l'objectivité est prise en vue, posée. [...]
[...] La question que se pose Husserl est celle du commencement et plus radicalement ce qu'implique la décision de devenir philosophe. Il examine les conséquences d'un tel projet et montre comment toute la science et la méthode elle-même sont issues du projet, de son idée même. En ce sens Descartes représente, par sa tentative de penser, dans les Méditations, non pas un devancier ou un modèle à imiter, mais bien un sujet qui a compris cette nécessité de la radicalité, pour chacun, de refaire en lui-même, tout le chemin de la science. [...]
[...] Husserl pense que l'apprentissage extérieur par de simples exercices (algorithmiques) ne représente qu'un trompe l'œil et une fausse science car elle conduit l'esprit de méthode à sa perte, son oubli & son dépôt. Il faut donc reconquérir chaque fois le savoir, et c'est exactement ce que Descartes voulait. Méditer est le seul passage qui conduise à la sagesse. La méditation n'est pas un moyen mais une exigence. Elle n'est pas momentanée : non pas un jour ou l'autre mais bonne une fois où la plénitude est requise pour avoir quelque sens et quelque poids. [...]
[...] Il y a donc bien un engagement total de l'être vivant en son repli même, c'est-à-dire toute sa pensée. Nous sommes sur le seul terrain de la subjectivité. Mais envers qui s'engage le philosophe commençant ? Ce ne peut être que lui- même car il n'y a plus d'extériorité possible. Tout dépend de lui seul et seulement de lui. Il ne doit donc rien laisser au hasard et tout doit lui être parfaitement clair dans son entreprise, pas seulement une fois au départ, mais à tout instant de son entreprise de penser à fond. [...]
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