[...]
- Les didascalies mettent en lumière les gestes pathétiques de Ruy Blas : "joignant les mains", "toujours à genoux", "tenant la reine embrassé" et "levant les yeux au ciel". De plus, elles reflètent son état d'âme : "d'une voix grave et basse", permet de déduire l'importante que Ruy Blas accorde à son discours.
Enfin, les didascalies mettent en relief l'état physique de Ruy Blas : "défaillant", "sa voix éteinte", "il tombe", "qui allait mourir". Nous notons également une gestuelle très démonstrative pour témoigner de la passion des deux amants bien mieux que le discours amoureux traditionnel : "l'entourant de ses bras", "tenant la reine embrassée", "le soutient dans ses bras".
L'espace scénique limité ressert le drame : l'atmosphère est pesante dans cette scène puisque l'action se passe dans le lieu confiné qu'est la chambre close. Très vite, l'action se concentre autour de la table et de la fiole qui deviennent le but du premier mouvement et du dernier geste de Ruy Blas : "il se lève et marche lentement vers la table", "prend la fiole", "la porte à ses lèvres", "posant la fiole".
- Par ailleurs, la récurrence du pronom personnel "je" prononcé par Ruy Blas traduit la première prise de parole qu'il adresse sans masque à la reine, il dévoile son identité : "je parle avec franchise" (v.198) ; il dévoile son état d'esprit : "Je suis honnête au fond" (v.203). De plus, le "je" traduit la prise de responsabilité par Ruy Blas : "Je sens, ma trahison, comme vous la voyez" (v.200), "Je ne me défends pas" (v.204) (...)
[...] Au lieu de fuir, elle l'accompagne jusqu'à la fin, le tenant dans ses bras, comme une piéta. Son émotion est sensible dans ses questions et ses exclamations au point de gagner le spectateur. Le suicide est annoncé par un Bien sûr ? (v.218) détonant par sa familiarité mais qui montre la sincérité de Ruy Blas et la solitude future de la reine. Cette fin est ambiguë puisqu'elle est à la fois pessimiste : Ruy Blas ne peut pas réaliser son rêve ; est-ce à dire que le peuple ne peut échapper à son sort ? [...]
[...] Un refus des règles de bienséance. La règle de bienséance est bafouée puisque nous assistons en direct à une mort violente et à une scène d'amour. On observe un mélange des genres : la mort du héros relève du tragique, mais la fiole de poison est une composante du mélodrame. En outre, Hugo mélange les classes sociales puisqu'il met en scène les amours d'une reine et d'un laquais. B. Renouvellement du ton et du langage. Victor Hugo disloque constamment l'alexandrin. [...]
[...] (v.216), mais aussi dans l'expression hyperbolique : mon cœur se rompt ! (v.216). Le tragique est mis en valeur par la détresse du héros qui a été dépassé par l'amour et par le machiavélisme de Don Salluste : Cet amour m'a perdu. (v.203) ; ma trahison (v.200). De plus, le tragique se retrouve dans la mort de Ruy Blas évoquée par lui- même : Je meurs (v.235) B. La passion du Christ Dans sa deuxième réplique, Ruy Blas rapproche sa souffrance de celle du Christ marchant au supplice : une femme du peuple essuyer sans rien dire,/ Les gouttes de sueur qui tombait de mon front (v.214-215). [...]
[...] (v.225-226) En outre, la représentation joue un rôle très important dans cette scène. En effet, les gestes des personnages et l'objet, la fiole augmentent la tension dramatique. D'une part, les gestes des personnages expriment leur état d'âme et donc le pathétique de leur situation : se levant et courant à lui se jetant sur son cœur D'autre part, l'objet, la fiole, nous annonce un dénouement tragique et provoque le changement d'attitude de la reine : Ce n'est pas du poison, cette affreuse liqueur ? [...]
[...] Dans cette pièce, Ruy Blas devient quasiment un prophète et un intermédiaire entre D.ieu et les hommes. Le suicide le sanctifie tel Jésus rejette par la société. La reine, elle, est comparée à un ange, son attitude en fait une piéta (sculpture de la vierge en pleurs au pied de la croix tenant le christ sur ses genoux). Il y a presque une résurrection quand la reine le rappelle à la vie : Ruy Blas puisqu'il la remercie dans un merci christique : Merci ! [...]
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