Ruy Blas est un drame en 5 actes publié par Victor Hugo en 1838. Dans cette pièce Hugo propose une vision romantique telle qu'on en voit beaucoup au XIXème siècle. Ruy Blas est un personnage populaire, porte-parole du peuple et de ses aspirations, il est guidé par l'amour qu'il porte à la reine. Son maître peu scrupuleux cherche à perdre la reine en la faisant tomber amoureuse d'un valet, Ruy Blas. Entre relation maitre/valet et désespoir amoureux, ce drame reste une oeuvre majeure du théâtre du XIXème siècle.
En quoi sous l'identité du Premier Ministre, Ruy Blas tisse le portrait épique d'une Espagne décadente et déchirée, ceux qui la gouvernent et propose une vision idéale de la politique en se faisant porte-parole du peuple et d'Hugo lui-même ?
Pour cela nous verrons que Ruy Blas est un véritable orateur qui capte son auditoire, puis nous analyserons ce tableau épique d'une Espagne décadente, enfin nous parlerons des projets d'un homme issu du peuple devenu grand seigneur.
I. Un véritable orateur
L'apostrophe de départ qui ouvre le discours de Ruy Blas au vers 1057 et implique l'auditoire, ne peut laisser indifférents les grands seigneurs. Il s'agit d'une métaphore très réaliste des ministres qui ne cherchent qu'à "manger leur voisins" ou v.1064 "remplir leur poche". Les apostrophes qui suivent, chargées d'ironie prennent le relai de la provocation, c'est le cas au v.1058 "ministres intègres !", ou encore v.1059 "conseillers vertueux". On voit que Ruy Blas ne laisse pas de côté son public et tente de l'impliquer à son propos. On peut noter les nombreux impératifs, par exemple v. 1067 "Mais voyez, regardez, ayez quelque pudeur", v.1075 "voyez", et plus loin l'indignation prend le dessus toujours dans une adresse aux ministres, v.1084 "Vous le savez", v.1091 "Et vous osez !". Ruy Blas emploie de manière très négative le pronom personnel "vous" en s'adressant à son auditoire, il associe le "vous" à des termes dévalorisants, par exemple v.1061 "vous n'avez pas honte", ou v.1076 "L'Europe qui vous hait". En revanche quand il utilise le pronom personnel "nous", il exclut les ministres et valorise l'Espagne, c'est le cas au v. 1069/1070 "Nous avons... perdu le Portugal", v.1089/1090, "nous avons... perdu trois cents vaisseaux", il parle alors au nom du peuple. L'emploi en opposition de ces pronoms permet à Ruy Blas de se détacher de ces ministres corrompus, il affirme ainsi sa solidarité avec son pays, il impose sa supériorité (...)
[...] Entre relation maitre/valet et désespoir amoureux, ce drame reste une œuvre majeure du théâtre du XIXème siècle. En quoi sous l'identité du Premier Ministre, Ruy Blas tisse le portrait épique d'une Espagne décadente et déchirée, ceux qui la gouvernent et propose une vision idéale de la politique en se faisant porte-parole du peuple et d'Hugo lui-même ? Pour cela nous verrons que Ruy Blas est un véritable orateur qui capte son auditoire, puis nous analyserons ce tableau épique d'une Espagne décadente, enfin nous parlerons des projets d'un homme issu du peuple devenu grand seigneur. I. [...]
[...] Le premier met en avant la perte, la fin d'un règne, on peut relever le v.1070 perdu v.1090 perdu , le second parle de la chute, avec par exemple v pays qui tombe v.1130 l'empire croule v.1133 l'état s'est ruiné enfin un champ lexical de la mort s'impose à travers une métaphore filée, on peut noter v dans ce siècle funeste v fossoyeurs tombe v.1062 l'Espagne agonisante Les ennemis sont désignés par des termes péjoratifs, v.1123 larrons v.1125 voleur mais aussi des dénominatifs très évocateurs comme au v.1110 coupe-jarrets v.1119 gueux, juifs, montagnard L'Espagne était donc grande et forte sous Charles Quint , elle n'est aujourd'hui que misère et corruption. Hugo visionnaire prête à Ruy Blas son goût pour la personnification ou l'allégorie. Ainsi les animaux deviennent des symboles, comme au v.1105 couleuvres ou plus loin l'Espagne est triste comme un lion mangé par la vermine v.1138, l'aigle impérial /cuit pauvre oiseau plumé aux vers 1155-1158. [...]
[...] Et personne n'est épargné. Ruy Blas est non seulement un homme de parole mais un homme d'action. Dans ces constatations, Ruy Blas tire et développe une conception des affaires publiques qui va totalement contre celle des conseillers du roi. A l'inverse des ministres qui utilisent le pronom personnel je Ruy Blas, préfère employer le nous symbole du peuple et refus de l'égoïsme. Il devient homme d'action. Son discours porte en germe, les futurs changements qu'il proposera surtout dans la scène 5. [...]
[...] Le discours de Ruy Blas prend un relief tout particulier, car à travers lui, au beau milieu de ce drame romantique, Hugo dresse un tableau épique de l'Espagne à la fin du XVIIème siècle. Le discours repose sur un jeu d'opposition entre la grandeur de l'Espagne autrefois et sa décadence actuelle. Le tableau proposé par Hugo témoigne d'abord d'un champ lexical de la luminosité, v le jour se levait sur Madrid v.1145 »brillait soleil éblouissant v.1152 rayons splendeurs Les rythmes montrent une Espagne passée triomphante en parfaite harmonie, on le voit notamment avec les rythmes. [...]
[...] Ruy Blas, grand seigneur Ruy Blas, homme du peuple, porte-parole s'oppose aux ministres en leur montrant qu'il en connait plus sur la situation du royaume que ces derniers n'en savent eux-mêmes. Sa tirade pleine de chiffres et références précises aux événements est parfaitement menée comme on le voit au v.1074 Montagnes bleues Ruy Blas critique les grands dès son entrée avec son fameux Bon appétit, messieurs ! v.1057, il les montre peu soucieux des affaires publiques mais aussi lâches, on peut relever le v. [...]
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