? Il doit d'abord s'assurer que Ruy Blas n'a pas été vu : il pose trois questions successives (v.468-469, 471, 472-473) et obtient rapidement sa réponse. Il y avait peu de lumière ("S'il faisait jour déjà ?"), Ruy Blas portait un "manteau" : il n'a vu que le portier, à qui il n'a pas parlé ("en silence"), et celui-ci n'a pas vu sa "livrée" de valet. L'identité de Ruy Blas n'est donc connue de "personne", répété aux v.472 et 474. On constate aussi que Salluste ne pose pas de questions complètement ouvertes ; il a au contraire déjà une idée de la réponse, ce qui indique que son plan est déjà en marche, étayé par la déduction : tournure "je ne suis pas certain / S'il faisait jour déjà ?", "Vous étiez en manteau ?", "Personne (...) / Ne vous a vu porter (...) ?".
? Il fait ensuite écrire les deux lettres à Ruy Blas : "Vous m'allez aujourd'hui servir de secrétaire" (v.477).
- Le "billet doux" est ainsi écrit de la main de Ruy Blas ("La dame ne pourra connaître l'écriture ?" (v.494), et signé de sa future identité (cf. scène 5) : "signez César". Ce rendez-vous secret ("la nuit, sans être reconnue", v.490) prend toute son importance aux actes IV et V : c'est la Reine qui est conviée. Salluste prépare la mention de "Ma reine" (v.482) au sein du billet par la métaphore galante, hyperbole précieuse, de "ma reine d'amour, pour Doña Praxedis" (v.479). Le nom est à la mode, la sainte étant vénérée parmi les Jésuites depuis le XVIème siècle. Mais l'étymologie grecque que Salluste n'ignore sans doute pas, à la différence d'un valet, place aussi ce faux personnage dans le champ de l'action, de l'intrigue (...)
[...] Ruy Blas obéit. Signez de votre nom. La date. Bien. Donnez. Il ploie et serre dans son portefeuille la lettre et le papier que Ruy Blas vient d'écrire. On vient de m'apporter une épée. Ah ! tenez, Elle est sur ce fauteuil. Il désigne le fauteuil sur lequel il a posé l'épée et le chapeau. [...]
[...] Ah ! Signez. RUY BLAS. Votre nom, monseigneur ? DON SALLUSTE. Non pas. Signez César. C'est mon nom d'aventure. RUY BLAS, après avoir obéi. La dame ne pourra connaître[3] l'écriture ? [...]
[...] DON SALLUSTE Bah ! Le cachet suffit. J'écris souvent ainsi. Ruy Blas, je pars ce soir, et je vous laisse ici. J'ai sur vous les projets d'un ami très sincère. Votre état va changer, mais il est nécessaire De m'obéir en tout. Comme en vous j'ai trouvé 500 Un serviteur discret, fidèle et réservé . RUY BLAS, s'inclinant. Monseigneur ! DON SALLUSTE, continuant. [...]
[...] Mais sa passivité tandis son maître le travestit s'explique aussi par un réel besoin de reconnaissance ; il a d'ailleurs été endormi par la bienveillance de Salluste : s'inclinant. Monseigneur ! v.501. - Le peuple est donc, tout autant que la reine, victime de cette noblesse, alors qu'il a des qualités. La belle écriture que Salluste reconnaît à Ruy Blas, v.476, est peut-être réelle, de même que les qualités énumérées au v.500 (discrétion, fidélité, réserve), et le valet sait raisonner puisqu'il demande : La dame ne pourra connaître l'écriture ? [...]
[...] v.474 : c'est de lui-même que Ruy Blas répond au mieux à Salluste, qui ne l'interrogeait que sur le palais Personne, en ce cas, au château ( ) : Ni personne à Madrid Il renforce ainsi l'assurance de Salluste de manipuler un inconnu. v.494 : La dame ne pourra connaître l'écriture ? mais précisément, c'est celle de Ruy Blas que la Reine va reconnaître. La belle écriture qu'a semble-t-il Ruy Blas est aussi la cause de sa perte. En s'inclinant et s'exclamant Monseigneur ! [...]
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