Le lieu : La pièce se déroule en Espagne + localisation exacte ("Madrid", "palais du roi", "salon de Danaé"). La richesse connotée par ces premiers éléments est marquée par plusieurs qualifications : "magnifique", "dorés" (à deux reprises) ; les adjectifs "grande" ("grande fenêtre", "grande cloison"), "large" ("porte"), "longue" ("galerie") évoquent un espace lié à la richesse ; enfin la présence de vitrages, soulignée par la répétition ("cloison vitrée"... "porte également vitrée") a le même sens à une époque où le verre était un luxe. La densité de ces notations au début de la pièce localise l'action dans le milieu des nobles de la cour. Elle s'apparente par là à une action tragique, puisque la tragédie met en scène des princes ou de hauts personnages proches du pouvoir royal. Par ailleurs, les indications "À gauche"... "une fenêtre", "Des deux côtés"... "une porte", "Au fond une"... "cloison" donnent des éléments visuels de mise en scène et ouvrent l'espace sur des lieux dissimulés (...)
[...] La didascalie qui, à la fin du texte, marque qu'il connaît Ruy Blas, conduit également à s'interroger sur le rapport entre les deux hommes et sur l'utilisation que pourra en faire Don Salluste. D'autre part, son ordre à Ruy Blas soyez là (v. ouvre sur un possible contact entre la reine et le serviteur. B. Les moyens de la vengeance Parallèlement, les moyens de la vengeance restent une question, d'autant que plusieurs termes insistent sur sa violence (Une sape profonde, y je veux que ce soit effrayant, y. 44). L'attente de cette vengeance, ignorée du personnage comme du spectateur, est le pivot de l'action. [...]
[...] Ici, la précision des didascalies initiales, caractéristique du drame romantique, crée un cadre défini inscrit dans une époque moderne 17e siècle). Au dépouillement classique s'oppose donc le foisonnement romantique. B. D'autres éléments peu classiques : S'il est vrai que les personnages, par leur fonction, pourraient être des personnages classiques (le maître s'adresse à un confident, puis à un serviteur), plusieurs éléments rompent avec le tragique. L'origine de l'exil de Don Salluste : le thème de la fille séduite est un thème de drame bourgeois (La Mère coupable de Beaumarchais), pas de tragédie comme le souligne le vers 22, mis en relief par sa place à la fin de la réplique de Don Salluste des éclats de rire de la foule. [...]
[...] Ces données, qui soulignent l'importance du personnage et par là de sa chute, se trouvent au début du texte. Le futur est associé à la double idée de départ et de vengeance : Nous serons en chemin (y. 24) Je vais aller (v. 37). Ces indications complètent et explicitent la didascalie initiale qui fait référence à des préparatifs de voyage. D'autre part les termes je vais construire . Une sape (v. 28-29), Je me vengerai (y. souligné par la répétition (v. [...]
[...] On est très loin du registre constamment soutenu qui est celui de la tragédie. Le rythme des alexandrins est souvent heurté. Ils peuvent être disloqués entre plusieurs répliques 59). Ce procédé accélère le mouvement et traduit aussi une certaine fébrilité. Ces éléments soulignent la différence avec la régularité et le dépouillement de la tragédie classique. Selon les principes énoncés dans la préface de Cromwell, Hugo cherche à rendre le foisonnement de la vie avec une plus grande vérité, rompant très nettement avec le caractère épuré de la tragédie. [...]
[...] Ainsi l'ensemble de ces données fait connaître tous les éléments d'une scène d'exposition : le lieu le temps, certains personnages, leur situation et son origine ainsi que des allusions encore floues au développement de l'action. Ces indications aiguisent parallèlement la curiosité du spectateur. III. Une scène non classique A. Le lieu et le temps La tragédie classique se situe dans l'Antiquité. Étant par définition unique en raison de la règle des unités, le lieu est impersonnel, et plus symbolique que réel. [...]
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