Dans cette Vieille Chanson du jeune temps, V. Hugo évoque une promenade dans les bois, en compagnie d'une jeune fille de vingt ans, Rose. Le poète qui n'a encore que seize ans ne saisit pas l'invitation à l'amour que lui adresse sa compagne. Et le poème s'achève sur le regret d'une occasion manquée.
[...] Hugo. Conclusion : V. Hugo traduit avec beaucoup d'émotion, de fraîcheur mais aussi d'humour les maladresses, les tourments et les incertitudes de l'adolescence au moment où naît le désir amoureux. Paradoxalement, c'est l'échec de cette première rencontre qui éveille les sens du poète : il semblerait, finalement, que le message de Rose ait été beaucoup mieux compris qu'elle ne le croit à la fin du poème. [...]
[...] La capacité d'aimer est présente en chaque être vivant. Bien que déjà présente chez le jeune homme, elle est encore endormie, comme la nature amoureuse, toujours prête à s'éveiller, (dort) dans les grands bois sourds. Trop jeune encore, le poète ne sait que parler (v.7) de la nature : je parlais des fleurs, des arbres ; ce n'est qu'un discours superficiel, une connaissance illusoire : il n'a pas encore saisi le véritable secret de la nature. Rose est au contraire en parfaite harmonie avec la nature : elle n'en parle pas mais elle sait l'apprécier avec sensualité, cueillant une mûre sur une branche trempant son beau pied nu dans la source d'eau fraîche (27). [...]
[...] Il est clair que jusqu'aux deux derniers vers du poème, les deux jeunes gens ne se comprennent pas. Cela tient au fait qu'ils n'utilisent pas pour communiquer le même langage: les paroles du poète : le poète parle beaucoup, de la nature nous l'avons vu, mais il semble qu'il se grise de paroles comme pour meubler le silence. Ce qu'il dit est sans importance, car il avoue ne plus se souvenir du sujet de la conversation et 4 : nous parlions de quelque chose / Mais je ne sais plus de quoi On pourrait dire qu'il parle un peu pour ne rien dire. [...]
[...] HUGO : Vieille Chanson du jeune temps. Je ne songeais pas à Rose ; Rose au bois vint avec moi ; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. J'étais froid comme les marbres ; Je marchais à pas distraits ; Je parlais des fleurs, des arbres Son œil semblait dire : Après ? La rosée offrait ses perles, Le taillis ses parasols ; J'allais ; j'écoutais les merles, Et Rose les rossignols Moi, seize ans et l'air morose ; Elle, vingt ; ses yeux brillaient. [...]
[...] Mais le poète, lui, écoute les merles, oiseaux dont le chant consiste souvent en une succession de sifflements bruyants. Remarquer le parallélisme qui forme un chiasme, entre les vers 11- 12 : j'écoutais les merles / Et Rose les rossignols et les vers 15 -16 Les rossignols chantaient Rose - il y a entre les rossignols et Rose une véritable complicité : leur chant est un hymne à l'amour et à Rose - tandis que «les merles me sifflaient : les merles, se moquent du poète qui ne saisit pas le message. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture