L'évocation de la nature est un des grands thèmes poétiques. Pour beaucoup, le poète a un rôle de passeur, de messager entre nature et humanité. Les Contemplations ne dérogent pas à la règle, et Hugo écrit donc aussi à ce sujet. Ce recueil de poésie est paru en 1856 et grâce à sa grande richesse, il reste un des classiques de la poésie depuis le XIX° siècle. "Pasteurs et troupeaux", poème de "En marche", appartient au livre V qui traite de l'énergie retrouvée. Le poète exilé tente de trouver de nouvelles raisons de vivre dans la méditation, sur des impressions de promenade notamment (...)
[...] Ce poème respecte bien la vision qu'Hugo a de la poésie, en effet, l'écriture poétique est un moyen de connaissance, le poète romantique qui est aussi un mage, guide le peuple pour remplir sa mission. Le récit bucolique d'une ballade n'est alors jamais qu'une petite histoire. Le poète écrira d'ailleurs: " Le domaine de la poésie est illimité. Sous le monde réel, il existe un monde idéal qui se montre resplendissant à l'œil de ceux que des méditations graves ont accoutumé à voir dans les choses plus que les choses Mais tous les poètes semblent avoir leur définition de la poésie. [...]
[...] La Terre est bien la mère nourricière et concrète, le ciel lui est composé de la lune qui représente la froideur et l'eau en opposition à la chaleur solaire du jour. Le poème est caractérisé par sa division en deux temps. Effectivement, il révèle une forme de dichotomie, soit de dualité alternée. On retrouve cette dichotomie dans les rimes, elles sont plates et il y a une alternance entre deux rimes masculines puis deux féminines. «charmant et firmament sont des rimes masculines, suivies de triste et existe qui sont féminines. [...]
[...] Ce vallon peut donc être à la fois serein et seul Hugo joue avec les oppositions, comme à son habitude. L'innocence de la jeune chevrière fait face au sombre esprit du poète au vers 25. Parfois les évocations sont encore plus surprenantes, l'oxymore du vers trois parle d'un sourire triste Alors que la nature était tranquille, des oiseaux nocturnes et effrayants tels que la chauve souris s'insèrent dans la promenade. La roche hideuse est proche du doux être les contraires sont proches et rendent cet univers particulier. [...]
[...] La scène se passe le soir, la lune triomphale se lève. Une dimension fantastique est introduite à la fin du poème, avec des animaux nocturnes notamment. Effectivement, les troupeaux ont fait place aux chauves-souris et ailes de fantôme, qui sont effrayants. On note également une allusion au chant du coq, qui selon la légende fait fuir fantômes et sorcières. Le poème semble diviser en deux, en accord avec le goût des romantiques : Le jour, la nature est ordonnée alors que le soir elle peut devenir cauchemardesque. [...]
[...] Il y a comme une inversion entre noir et blanc, les choses claires et bonnes se transforment, la laine blanche des moutons se rapporte à des moutons sinistres de la mer La lune se lève triomphante alors qu' en général c'est le soleil qui rappelle le bonheur, la gloire. Il s'agit en fait de la critique de Napoléon III et de son régime. On garde cette évocation négative pour la fin. La satire est cachée sous le poème qui permet de continuer à blâmer Bonaparte le brigand. Pour conclure, malgré l'impression de ballade dans une nature simple et d'harmonie heureuse le poème évolue vite vers un autre univers. Grâce à son allure de conte le poète cache une critique et un monde de symboles dans Pasteurs et troupeaux. [...]
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