Il est banal de dire que la mort, terme obligé de l'aventure humaine, a fourni, avec l'amour, le thème d'inspiration le plus fécond à la littérature universelle. Mais le terme de banalité perd toute pertinence lorsqu'il s'agit d'apprécier un poème tel que Mors. Ce témoignage halluciné d'une vision apocalyptique de la mort au travail déborde en effet l'allégorie classique qui en fournit le cadre et s'achève, sans rupture, sur la lumière de l'espérance. Épouvante et espérance seront donc les lignes directrices de notre lecture de ce poème.
Justification du plan
Fait remarquable : la composition du poème. Au risque de choisir un plan déséquilibré, nous avons cru devoir exploiter l'opposition qui s'établit entre les dix-huit premiers vers et les deux derniers donc, épouvante et espérance.
I. Épouvante
A. Une vision fantastique
Mors est avant tout le récit d'une vision et même d'une hallucination. La silhouette de la faucheuse surgit au début du poème avec une soudaineté qu'exprime le passé simple ("Je vis" ...) enrichi par l'emploi de la première personne : ainsi, en effet, la description du squelette à la faux échappe-t-elle à la froide convention de l'allégorie traditionnelle parce qu'elle est présentée par un témoin encore palpitant d'émotion.
1) Effets de contraste
Cette émotion est liée d'abord à l'effet fantastique des contrastes de la lumière et de l'ombre : c'est en effet à contre-jour que nous est présentée la silhouette de la faucheuse qui apparaît, symbolisme oblige, au moment du crépuscule, mort du soleil, où la lumière produit ses rayons les plus dramatiques ; le vers 3 est, à cet égard, exemplaire : "Noir squelette laissant passer le crépuscule".
2) L'obscurité
À l'inverse, c'est sur le fond d'une obscurité d'encre que se détachent les lueurs que reflète la lame de l'instrument d'extermination : "L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx" (...)
[...] Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ; Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ; Un vent froid bruissait dans les cercueils sans nombre ; Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ; Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit. Derrière elle, le front baigné de douces flammes, Un ange souriant portait la gerbe d'âmes. Introduction : présentation du texte et annonce du plan 4 Justification du plan 5 I. Épouvante 6 A. Une vision fantastique 6 Effets de contraste 6 L'obscurité 7 B. Pouvoir absolu de la Mort 8 Vocabulaire 8 a. [...]
[...] ) enrichi par l'emploi de la première personne : ainsi, en effet, la description du squelette à la faux échappe-t-elle à la froide convention de l'allégorie traditionnelle parce qu'elle est présentée par un témoin encore palpitant d'émotion. Effets de contraste Cette émotion est liée d'abord à l'effet fantastique des contrastes de la lumière et de l'ombre : c'est en effet à contre-jour que nous est présentée la silhouette de la faucheuse qui apparaît, symbolisme oblige, au moment du crépuscule, mort du soleil, où la lumière produit ses rayons les plus dramatiques ; le vers 3 est, à cet égard, exemplaire : Noir squelette laissant passer le crépuscule L'obscurité À l'inverse, c'est sur le fond d'une obscurité d'encre que se détachent les lueurs que reflète la lame de l'instrument d'extermination : L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx Pour le reste, le poème baigne dans l'obscurité, entretenue et renouvelée par des indications nombreuses : Dans l'ombre les noirs grabats ; la faulx sombre qui dans l'ombre s'enfuit deuil, épouvante et nuit Ces effets dramatiques d'éclairage, effaçant les reliefs, mettent en valeur la seule Exterminatrice dont le pouvoir sur la terre nous est présenté comme absolu. [...]
[...] Archaïsmes 8 b. Démonstratifs et possessifs 8 Rythme 9 a. accélération 9 b. Effet de métronome 10 Les images 11 Les sons 12 II. Espérance 13 A. Coupe du vers B. Rejet du vers C. [...]
[...] Victor Hugo, Les Contemplations XVI : Mors Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ. Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crépuscule. Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule, L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx. Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux Tombaient ; elle changeait en désert Babylone. Le trône en échafaud et l'échafaud en trône, Les roses en fumier, les enfants en oiseaux, L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux. [...]
[...] Espérance Deux vers pourtant, qui viennent clore le poème et qui, sans rupture apparente, nous présentent ce qui est derrière la mort, font littéralement basculer ce texte. Au terme de sa marche, la mort était sur nous, avec son cortège de spectacles macabres mains aux doigts osseux, cercueils sans nombre et c'est précisément à ce moment que l'on peut voir qui la suit et quelle est la nature de sa véritable fonction. A. Coupe du vers 19 La coupe du vers 19, au troisième pied, crée derrière elle un silence qui tient davantage de la plénitude religieuse que du coup au cœur. [...]
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