Le spectacle de Paris et de la Seine a inspiré un grand nombre d'écrivains. Mais le roman hugolien n'est pas un divertissement. Il est presque toujours au service d'un débat d'idées. Ses héros sont comme les héros de tragédies (le dramaturge n'est pas loin) aux prises avec les contraintes extérieures et une implacable fatalité.
Hugo, dans Les Misérables (1862), fait des bords du fleuve le cadre des derniers moments de l'inspecteur Javert. Celui-ci vient de laisser échapper Valjean, l'ancien bagnard qu'il traque depuis le début du livre. Ce geste de reconnaissance est, pour l'inspecteur, une faute grave (...)
[...] Javert n'échappe pas à cette dissolution Il devient alors une forme obscure, un fantôme De même, nous avons du mal à savoir quand nous sommes. L'emploi de l'imparfait efface les limites du temps et la destinée de Javert passe du stable à l'instable. L'écriture du fantastique, par les incertitudes du regard et du temps, crée une hésitation entre le visible et l'invisible. La description devient évocation d'un univers surnaturel et angoissant. II- Le lieu suscite un sentiment d'effroi : Le décor apparaît comme celui d'un cauchemar. [...]
[...] Ses héros sont comme les héros de tragédies (le dramaturge n'est pas loin) aux prises avec les contraintes extérieures et une implacable fatalité. Hugo, dans Les Misérables (1862), fait des bords du fleuve le cadre des derniers moments de l'inspecteur Javert. Celui-ci vient de laisser échapper Valjean, l'ancien bagnard qu'il traque depuis le début du livre. Ce geste de reconnaissance est, pour l'inspecteur, une faute grave. Dans le miroir de la Seine, Javert contemple son âme avant de mettre fin à ses jours. [...]
[...] Dans cette nuit où la lumière est dérobée, la rumeur du fleuve est un appel de la bouche d'ombre Le lexique de la vision est remplacé par celui des bruits et des voix, personnification du fleuve. Dans ce paysage, Javert s'arrête au bord de l'infini. Son examen de conscience est suggéré métaphoriquement par le lieu lui-même. III- Un paysage état d'âme Le texte est une évocation d'un face à face entre Javert et sa conscience. Son regard fixe est un regard intérieur. [...]
[...] Dès lors la nuit est à l'image de son âme tourmentée. Confronté à son destin et voué au déchirement, juge et coupable. Le sentiment de la faute conduit l'inspecteur dans une sorte de folie où le dégoût de soi, le vertige intérieur se projettent dans un paysage plein d'horreur : symbole de la couleuvre, accumulation des adjectifs négatifs (de fade à lugubre On passe du paysage état d'âme à la décision du suicide. Le changement de temps de l'imparfait au passé simple, les changements de point de vue (interne/externe), de rythme (succession de notations brèves), l'évocation des gestes presque mécaniques de Javert, apparaissent comme les étapes d'un processus fatal. [...]
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