Dans un long poème écrit en 1839 et dont le titre est emprunté à une gravure d'Albert Dürer, Victor Hugo évoque successivement des scènes de rue et des anecdotes exemplaires où s'exprime son émotion face aux injustices de la société française au début de la révolution industrielle. Indigné par la condition imposée aux enfants des classes pauvres, il met ici toutes les ressources de son art au service d'une émouvante protestation.
Face à la fragilité des enfants et à leur innocence, le poète nous présente l'enfer du monde du travail organisé par les hommes. Examinons successivement ces deux aspects.
Justification du plan
Problématique : Le paysage est-il pittoresque ?
Le texte étant essentiellement un hymne à la vie, à la paix et à la joie sous le regard du ciel, il nous fallait trouver un classement pour y intégrer les nombreux effets par lesquels Hugo interprète ou transfigure la réalité (pas de pittoresque, pas de réalisme). Nous avons choisi animation de la matière inanimée, la lumière symbole de paix et de réconciliation, l'étreinte sensuelle du ciel et de la terre. Nous avons renoncé, après examen, à un plan fondé sur horizontalité, verticalité, sensualité, qui nous a paru d'un maniement peu commode.
I. Les enfants
Pour nous faire découvrir les enfants, Victor Hugo choisit de nous apostropher et de nous apitoyer : pour éviter tout repli de ses lecteurs dans l'abstraction, il use d'une rhétorique assez agressive et des ressources du discours direct.
A. Apostrophe
1) Effet visuel
Abruptement, en effet, il ouvre son poème sur une interrogation ; cette interrogation, qui occupe trois vers, porte sur la destination d'enfants qui nous sont donnés à voir, comme s'ils étaient présents, grâce, en particulier, à l'emploi du présent de l'indicatif et des démonstratifs : "Où vont tous ces enfants... ces doux êtres... ces filles..." (...)
[...] Dès lors, la machine sombre est, à la lettre, un monstre de cauchemar puisqu'elle est l'instrument d'oppression d'une jeunesse immolée, comme devait le dire Vigny dans La Maison du berger, au dieu de l'or Conclusion : indignation ; pathétique ; efficacité Face au scandale de l'exploitation des enfants livrés aux machines à l'âge de l'école et-des jeux, Victor Hugo a donc choisi de manifester son indignation, de percer la cuirasse d'indifférence de ses contemporains en faisant appel à l'émotion, en exploitant le pathétique de la situation des enfants ; soulignant l'abandon et le désarroi de jeunes êtres embrigadés au service de machines colossales dans un univers carcéral, il a su toucher plus efficacement qu'en tenant un discours démonstratif. Mais l'ingéniosité des solutions retenues par Victor Hugo ne doit pas nous faire oublier que c'est à cet auteur et à ses pairs que nous devons de vivre dans une société moins inhumaine où le travail souvent peut être considéré comme l'honneur de l'homme. L'attitude manichéenne consiste à opposer sans nuances le Bien au Mal. [...]
[...] Justification du plan Problématique : Le paysage est-il pittoresque ? Le texte étant essentiellement un hymne à la vie, à la paix et à la joie sous le regard du ciel, il nous fallait trouver un classement pour y intégrer les nombreux effets par lesquels Hugo interprète ou transfigure la réalité (pas de pittoresque, pas de réalisme). Nous avons choisi animation de la matière inanimée, la lumière symbole de paix et de réconciliation, l'étreinte sensuelle du ciel et de la terre. [...]
[...] Les nombreuses anaphores sept vers commencent par le pronom iIs renforcent cet effet, qui est entretenu par le martèlement des rimes plates. C. Oppositions À cela s'ajoute le jeu des oppositions qui font sentir combien la faute commise par la société est colossale et inexpiable : Innocents dans un bagne, anges dans un enfer Un contraste saisissant naît aussi de la disproportion écrasante qui distingue ces jeunes êtres des machines, puisqu'ils sont présentés comme accroupis sous les dents d'une machine sombre D. [...]
[...] Victor Hugo, Les Contemplations Melancholia : 113 à 128. Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ; Ils vont, .de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement, Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. [...]
[...] Conclusion partielle et transition Cette évocation vivante, à la fois attendrissante et révoltante, des jeunes êtres sacrifiés à l'esprit de profit est enrichie dans ce poème, par une représentation terrifiante du monde de travail. II. Le monde du travail A. Rejets et contre-rejets La malédiction répétitive du destin des jeunes exploités est soulignée par plusieurs effets. Ainsi, l'usage des rejets et contre-rejets permet tantôt de faire sonner à la fin du vers 5 l'adverbe éternellement tantôt de conférer au Ils travaillent du début du vers 10 le caractère d'une inéluctable sentence tombée comme un couperet. [...]
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