L'itinéraire est exprimé par l'emploi de verbes de mouvement, comme nous l'avons déjà démontré. Leur ordre marque le départ et l'arrivée - de « Je partirai » à « j'arriverai » -, et une certaine façon de se déplacer, dont la détermination est soulignée par l'emploi répété du futur, qui révèle la certitude de celui qui parle (...)
[...] Le poids du souci se traduit par l'énumération du vers marquant une progression nette dans le rythme, et peut-être, une démarche progressivement plus pesante: 1/3/4/4. L'itinéraire sentimental se révèle donc soucieux et douloureux. A mesure que se déroulent le poème et le voyage, le poète et le lecteur se rapprochent de ce qui en fait la valeur affective et le drame. Le rendez-vous n'est pas celui de la vie, mais celui de la mort. Le choc du deuxième hémistiche du vers 11 conduit à une relecture rétrospective. [...]
[...] Recentrement sur les pensées insistance sur la solitude, tout dit l'obsédante présence et la nuit de l'âme, seulement éclairée par le souvenir de la disparue. Le poète aurait pu déverser dans ce texte l'abondante thématique romantique de déploration. En fait, dans un décor et dans une situation qui évoquent discrètement une ambiance romantique (le crépuscule, le paysage, la nature, la mer, la solitude, le deuil), il est face à lui-même, à ses souvenirs, et, grâce à eux, abolit le temps. [...]
[...] La progression dans le temps: Le poème débute par l'indication insistante du moment du départ, à l'aube. En effet, nous relevons trois notations de temps formant un groupe ternaire: Demain, dès l'aube, à l'heure où Il se termine au crépuscule, comme le souligne la métaphore du coucher du soleil l'or du soir qui tombe (v.9). Le voyage occupe ainsi une journée entière sans interruption, à travers un paysage aux aspects variés. La progression dans l'espace: Elle est exprimée par une série de compléments de lieu soulignant le passage et la succession des paysages différents - par la forêt par la montagne Harfleur sur ta tombe En outre, nombre de verbes exprime le déplacement de celui qui parle: Je partirai anaphore de j'irai Je marcherai descendant j'arriverai Nous avons donc affaire à un véritable pèlerinage. [...]
[...] Omniprésente dans la motivation et dans la détermination du départ, dans les pensées et dans le cœur du poète, dans le refus d'une nature habituellement appréciée et aimée, Léopoldine échappe au temps, comme les deux symboles d'immortalité qui ornent à tout jamais sa tombe. [...]
[...] L'indifférence au contexte du voyage: Elle s'exprime par une certaine imprécision concernant le décor et par la négation des perceptions. Tout d'abord, la nature du paysage environnant est simplement indiquée par des notations géographiques sans aucune caractérisation, très indéfinies: la forêt la montagne De même, le paysage de la troisième strophe - l'or du soir les voiles - semble indistinct, ce que suggère l'adverbe au loin En outre, ce phénomène d'imprécision est plus nettement souligné par les négations: l'anaphore de l'adverbe de négation sans accentué puisque situé au début des deux hémistiches du sixième alexandrin, souligne une indifférence volontaire à toute perception auditive et visuelle. [...]
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