Avant d'être créateur, le poète est un homme à part, personnalité romantique, qui étouffe dans la société et part se ressourcer dans la Nature. D'abord, le motif de la marche permet de construire un poème graduel, qui explore fleurs puis arbres, sans pour autant désigner l'action de marcher, qui a donc avant tout lieu dans l'esprit de l'homme. Ensuite, la Nature s'adresse au promeneur mais lui jamais ne lui répond. Le dialogue n'existe que par le poème. Enfin, l'image d'une Nature refuge est essentielle dans la Littérature romantique, thème que l'on retrouve dans le présent poème (...)
[...] Enfin, l'image d'une Nature refuge est essentielle dans la Littérature romantique, thème que l'on retrouve dans le présent poème. La marche du poète Dès le premier vers, le poète se déplace, il s'en va aux champs L'idée de mouvement, dans le présent poème, mérite d'être étudiée. Au premier vers, donc, le poète se meut en direction, non pas d'un lieu précis, mais d'un environnement : celui d'une nature agricole, les champs. On suggère, par des verbes contemplatifs, il admire il adore le regard qu'il porte sur le pré qu'il a maintenant rejoint. [...]
[...] La composition du vers 14 est d'ailleurs évocatrice, les arbres choisis dérivent tous du substantif vieillards mis en valeur par le démonstratif ces C'est davantage la proximité typographique, que sonore, qui est mise en avant, rappelant que le poème est aussi fait pour être lu. If évoque le premier pied, tilleuls le troisième et érables la fin du nom. L'évocation des fleurs n'en est pas moins riche, bien que plus floue. Aux vers 4 et Victor Hugo souligne l'insuffisance du monde réel à définir la beauté de ces fleurs. [...]
[...] La Nature n'est donc pas limitée à l'admiration qu'elle provoque chez Hugo. Elle-même semble douée de clairvoyance et elle s'exclame à son approche car elle a distingué en lui un homme hors du commun, qui la voit dans ses spécificités et comme unité harmonieuse dans laquelle il se plait à se promener. C'est comme si le poète, devenu oiseau, chantait une élégie à la gloire de cette vie verte. L'amoureux contemple, l'amoureux savoure, mais sonde aussi son intériorité. Le motif du poète musicien développé au second vers permet de mettre en abyme le poème que nous étudions présentement. [...]
[...] La sereine lueur que contemplent les arbres inverse à nouveau le rapport : en début de poème, c'était l'homme qui admirait (vers 1). La gradation, passant de la lumière à la pénombre, est d'ailleurs constitutive du recueil des Contemplations et soulignée dès la préface par Victor Hugo : les volumes s'assombrissent, nuance à nuance ( ) la joie, cette fleur rapide de la jeunesse, s'effeuille page à page dans le tome premier, qui est l'espérance ( ) A présent ceux-sont les arbres qui contemplent celui qui marche parmi eux. [...]
[...] Soulignant ainsi le pouvoir de l'esprit, ils subliment surtout la capacité du poète à jouir de tout. La réalité n'a pas d'emprise sur lui puisqu'il l'utilise à sa guise, pour mieux la comparer à la beauté que lui voit en chaque plante, en chaque arbre. Le rêveur est aussi celui qui rend le monde merveilleux, au premier sens du terme. Avec lui, la Nature est soudainement douée de parole et se voit personnifiée, comme si la compagnie de ce nouveau microcosme était bien plus agréable au poète, qui est respecté pour son art, sans même avoir à parler avec cette Nature, qui le comprend mieux que quiconque. [...]
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