Avant, l'île était belle grâce à sa végétation luxuriante, ses ''charmilles" (v3), "ses grands bois" (v4), ses vignes, "île des vins" (v2) et ses constructions, "ses palais" (v5). L'île était aussi prospère grâce à ses vins, prospérité qui se concrétisait par la richesse des "palais"; l'énumération (v4-5) et l'utilisation constante du pluriel accentuent d'ailleurs cette caractéristique (...)
[...] En fait, il voudrait que l'enfant redevienne ce qu'il était avant le passage des Turcs, que ses états d'âme soient en accord avec sa beauté et sa nature enfantines. Ces objectifs expliquent ses propositions: les cadeaux proposés sont tous de nature onirique ou fabuleuse; le "lis" bleu d'Iran est une fleur très rare, le "fruit du tuba" appartient à la légende, et "l'oiseau merveilleux" a un chant presque irréel. Le locuteur propose ainsi à l'enfant de retrouver le monde du rêve, univers éminemment enfantin, de fuir par l'imagination la réalité cauchemardesque qui l'entoure. [...]
[...] Après la guerre, l'île est devenue laide parce que la végétation et les constructions ont été détruites: il ne reste que "des murs noircis" par le feu des "ruines" mot mis en valeur par la diérèse; l'île n'est plus "qu'un sombre écueil" aux "rocs anguleux" elle est devenue totalement inhospitalière, voire dangereuse à aborder et toutes les couleurs sont sombres. La vie humaine y est également détruite puisque "tout est désert' "tout est . deuil" l'insistance sur le pronom indéfini "tout' souligne la mort de l'île Dans la première strophe, Hugo marque l'opposition entre le passé et le présent par les temps: présent-imparfait, par un constat très bref pour le présent et, au contraire, une description précise du passé et par la dénomination du lieu: au simple pronom "là" s'oppose son nom "Chio" valorisé par l'anaphore et la diérèse. [...]
[...] On peut alors admirer le courage de cet enfant ou, au contraire être horrifié parce que la guerre a métamorphosé un enfant pur en soldat plein de haine . Mais cette métamorphose explique l'inversion des groupes nominaux entre le vers 8 et le vers 36: le poète voyait d'abord en lui "un enfant aux yeux bleus" beau et pur; l'enfant, lui, se veut d'abord "un enfant grec", sa nationalité et son patriotisme l'emportant sur sa beauté et sa pureté. Dans ce long poème d'une composition à la fois simple parce que chronologique et complexe par le jeu des correspondances et des oppositions, Hugo exprime bien toute l'admiration qu'il éprouve devant toutes les formes de Beauté et son indignation lorsque cette Beauté est détruite. [...]
[...] ? . ou le fruit du tuba . puis "Veux-tu . Un bel oiseau des bois . questions reprises par "Que veux-tu? [...]
[...] Dans toute cette description physique, Hugo admire l'enfant, symbole de vie, de beauté, de pureté, tout comme il admirait Chio. Cependant, l'enfant n'est évidemment pas sorti indemne de la guerre, il en est une victime pathétique et le locuteur qui le découvre s'apitoie sur son sort à travers les interjections "Ah pauvre enfant' et "Hélas" (v13-14), tout comme il se lamente sur le présent de Chio. L'enfant est pathétique parce qu'il est "seul" privé d'affection, de protection alors qu'il est très jeune; il ne lui reste pour "asile" "appui" (vl0) qu'une aubépine, refuge et soutien très précaires; il est démuni, vulnérable "pieds nus sur les rocs anguleux" il est également recroquevillé sur lui-même, abattu "courbait sa tête" et il est surtout malheureux: le champ lexical de la tristesse est particulièrement riche "les pleurs" "de larmes" "chagrins nébuleux" même ses cheveux "pleurent" (v23). [...]
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