Si cette longue tirade d'Hernani n'est interrompue par aucune réponse, conformément à la définition du monologue, celle-ci s'adresse néanmoins à des interlocuteurs différents, lui permettant de préciser sa situation face à son pays et face à Doña Sol.
- L'apparence d'un dialogue
Dans ce monologue, le dialogue apparaît à travers des interpellations et des invocations exprimées à la deuxième personne (vers 3, 14, 18 et 32) et à travers des impératifs de recommandation adressés à Doña Sol (vers 11, 15, 17, 30 et 31) (...)
[...] La relation de causalité entre l'action menée par Hernani (J'ai pris vos meilleurs fils, vers 3 ; Je les ai fait combattre, vers et le résultat négatif (et voilà qu'ils sont morts, vers est mise en relief par le présentatif voilà et l'anaphore de la conséquence fatale ils sont morts (vers 4 et 6). L'idée de mort et de solitude est reprise par trois constatations (Je n'ai plus un ami qui de moi se souvienne, vers 13 ; Tout me quitte, vers 14 ; Car je dois être seul, vers 15) dont la dernière est formulée comme une obligation (je dois) puis par l'insistance sur le malheur qui accompagne Hernani (mystères funèbres vers 21 ; Une âme de malheur faite avec des ténèbres vers 22). [...]
[...] Tu me crois peut-être Un homme comme sont tous les autres, un être Intelligent, qui court droit au but qu'il rêva Détrompe-toi. Je suis une force qui va ! Agent aveugle et sourd de mystères funèbres ! Une âme de malheur faite avec des ténèbres ! Où vais-je ? je ne sais. Mais je me sens poussé D'un souffle impétueux, d'un destin insensé Je descends, je descends, et jamais ne m'arrête. Si parfois, haletant, j'ose tourner la tête, Une voix me dit : Marche ! [...]
[...] Il accable la jeune femme de reproches ironiques. Mais Doña Sol lui montre le poignard avec lequel elle se tuera pour échapper à ce mariage. Hernani, pris de remords, se jette à ses pieds, la suppliant de le fuir. Certains moments de crise sont, au théâtre, l'occasion de tirades lyriques dans lesquelles, mêlant à l'introspection les réminiscences et l'expression de leurs doutes, les héros tragiques tentent de se situer et de se définir. Cet extrait de la scène 4 de l'acte III nous montre un héros désemparé mais lucide. [...]
[...] En 1830, Hernani ou l'Honneur castillan est la pièce de théâtre qui consacre le genre du drame romantique, véritable acte de naissance en quelque sorte. En opposition au théâtre classique, régi par la règle des trois unités et une versification stricte, Hugo propose un théâtre centré sur l'action et le message qu'il veut délivrer, mettant au centre une dimension spectaculaire et proposant une écriture poétique transgressant les codes. De fait, le lieu est ici différent à chaque acte (Saragosse dans le premier), la pièce s'étire sur plusieurs mois (et plus sur une journée) et les intrigues politiques et amoureuses s'entremêlent joyeusement. [...]
[...] T E X T E Acte III Scène 4 HERNANI, DOÑA SOL [ ] HERNANI Monts d'Aragon ! Galice ! Estramadoure ! Oh ! je porte malheur à tout ce qui m'entoure ! J'ai pris vos meilleurs fils ; pour mes droits, sans remords Je les ai fait combattre, et voilà qu'ils sont morts ! 5 C'étaient les plus vaillants de la vaillante Espagne ! Ils sont morts ! ils sont tous tombés dans la montagne, Tous sur le dos couchés, en braves, devant Dieu, Et si leurs yeux s'ouvraient, ils verraient le ciel bleu ! [...]
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