Complémentaire de la précédente en tant que scène d'exposition, l'élément central de cette deuxième scène est la présentation des héros avec surtout le type même du héros romantique. Tout dans le personnage d'Hernani suggère les enjeux du mouvement littéraire, tant ses caractéristiques préconçues se retrouvent dans différentes autres pièces hugoliennes ou romans balzaciens ou stendhaliens (Ruy Blas, Rastignac, Rubempré ou Julien Sorel) (...)
[...] Ainsi, contrairement aux œuvres dramatiques du XVIIème siècle classique et accordant une grande importance aux éléments matériels de la mise en scène, la première scène a joué le rôle de scène d'exposition et fourni au spectateur les éléments nécessaires à la compréhension du drame. De même, cet extrait de la deuxième scène est tout aussi représentatif du drame romantique. En effet, il permet de présenter le personnage d'Hernani, véritable type du héros romantique tourmenté et révolté. Cette transgression du personnage va de pair avec les libertés littéraires et théâtrales que prend le drame, notamment par l'utilisation nouvelle du vers et par l'horizon politique. [...]
[...] Convoitée par ces trois hommes, Doña Sol n'aime que le héros banni. Hernani redoute alors les conséquences de cet amour et le monologue de cet extrait tente de convaincre la jeune femme que cette vie n'est pas pour elle. Révélant un héros tourmenté par l'amour et la solitude, cette longue réplique correspond bien au registre de la persuasion, s'adressant aux sentiments de la personne et reposant sur des images. De fait, le texte vise à illustrer de manière très précise les conditions de vie qui seront celles de la femme si elle suit Hernani : - le personnage insiste sur les sensations de Doña Sol : - Vous frissonnez ! [...]
[...] Ainsi, chaque acte se situe dans un lieu différent. La scène se passe ici à Saragosse, dans une chambre du palais de Don Ruy Gomez, tandis que l'acte suivant se déroulera dans un patio du même palais et le quatrième se trouvera même à Aix-la-Chapelle sur la tombe de Charlemagne. Cette diversité rend compte de l'aspiration du drame à s'ouvrir au monde et explique pourquoi la nature a dans le texte une si grande importance et se caractérise par une telle immensité . [...]
[...] Ce même cor aura une importance cruciale à l'acte il est la voix du destin à laquelle on ne peut renoncer. De même, le moi romantique est au centre de l'univers et de la nature, comme le signale la métaphore de la nature comme mère. On peut de même relever les occurrences nombreuses de la première personne qui nous indiquent que le texte est éminemment subjectif, comme au vers 7 : Car, vous ne savez pas, moi, je suis un bandit ! [...]
[...] mais aussi par les enjambements qui jouent systématiquement avec le sens, rejetant le verbe en bout de phrase, comme par exemple avec Viendront (vers 15) qui est le verbe de la phrase débutée trois vers auparavant : Parmi ses montagnards, libres, pauvres, et graves (vers 12). Cet effet rompt la structure syntaxique de la phrase en jouant avec le vers . de même, les ruptures de phrase sont travaillées par des points de suspension et des tirets, comme par exemple Viendront - Vous frissonnez ! Réfléchissez encor (vers 15) ou Me suivre où je suivrai mon père, - à l'échafaud (vers 23). - La mise à mal des codes du théâtre classique .c'est surtout le cas avec la règle des trois unités. [...]
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