Face à l'océan, dans file de Jersey où il s'est retiré pour protester contre le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte, Victor Hugo médite sur le sens de l'univers et connaît des heures d'exaltation mystique en songeant "au bord de l'infini". C'est dans ces circonstances qu'il écrit Eclaircie où nous apparaît un paysage maritime dépourvu de tout pittoresque ; contemplant la lumière solaire victorieuse des nuages, le poète nous associe - le pronom "on" est utilisé aux vers 5, 16 et 18 - à ce qui est davantage une méditation qu'un regard. Le tableau qui s'offre à nous vaut surtout, en effet, par son contenu symbolique. Trois éléments fondamentaux méritent d'y être soulignés : en premier lieu la présence confuse d'une âme en toutes choses ; puis l'irruption de la paix et de la réconciliation au sein d'un univers illuminé ; enfin la montée d'un hymne à l'amour et à la fécondité.
Justification du plan
Problèmatique : Le paysage est-il pittoresque ?
Le texte étant essentiellement un hymne à la vie, à la paix et la joie sous le regard du ciel, il nous fallait trouver un classement pour y intégrer les nombreux effets par lesquels Hugo interprète ou transfigure la réalité (pas de pittoresque, pas de réalisme). Nous avons choisi animation de la matière inanimée, la lumière symbole de paix et de réconciliation, l'étreinte sensuelle du ciel et de la terre. Nous avons renoncé, après examen, à un plan fondé sur horizontalité, verticalité, sensualité, qui nous a paru d'un maniement peu commode.
I. Vision animiste
A. Vocabulaire et métaphores
La façon dont sont présentés tous les éléments naturels qui composent le tableau exprime la vision animiste dont témoigne en particulier un autre poème des Contemplations : "Ce que dit la bouche d'ombre" qui révèle que... "Tout est plein d'âmes" (...)
[...] Changement de plan Cette présence de l'âme universelle est encore soulignée par le brusque changement de plan du vers 15 où apparaît, occupant tout le champ, un brin d'herbe qui palpite : la vie, sourdement animée, est partout : l'écueil lui-même se repose Conclusion partielle et transition Manifestement cette âme universelle communie dans la trêve de la marée haute illuminée par un rayon de soleil perçant les nuages. II. Paix et réconciliation A. Rythme Ce moment privilégié est celui de la paix et de la réconciliation et l'harmonie universelle retrouvée est exprimée d'abord par le rythme : les quatre premiers vers, en particulier les vers 2 et 3 par leur coupe au deuxième et au troisième pied, suggèrent une étendue parfaitement étale. B. [...]
[...] Le brin d'herbe semble surgir du pavé qui s'est entrouvert. L'infini frissonne, et l'image de l'aurore, associée à l'élan du cheval blanc, s'impose ; l'être ouvrant ses flancs a reçu la sève sacrée qui garantit l'éternelle jeunesse du monde. Les morts, eux-mêmes, contribuent, par leur invitation, (qu'on songe à la valeur de l'impératif au début du vers à cet élan universel, et l'« on sent que le nid est couvé C. Bruits Cette régénération nous apparaît pour finir sous la forme de bruits qui peu à peu s'élèvent sur un fond de silence recueilli : ces bruits sont placés sous le signe de l'ouverture et du commencement, mais aussi de l'activité et de l'énergie : ainsi faut-il interpréter l'ouverture du jour le premier pas du vent le verrou de la porte sonore et le hennissement Ces portes qui s'ouvrent, cette joie impatiente qui s'affirme, cette association du travail et de l'amour traduisent en effet les manifestations terrestres de la loi universelle dictée par la lumière féconde dont le dessein se lit à travers des correspondances : l'ouverture d'une porte d'écurie est en même temps l'ouverture du jour, qui symbolise à son tour le renouveau. [...]
[...] Abandonnant toute intention pittoresque, le poète nous fait assister à une sorte de révélation ou, si l'on préfère, d'épiphanie. L'« éclaircie est le moment où cesse l'obscur combat d'un univers animé d'un incessant conflit. La lumière s'impose, et, tandis que s'offre à elle, non sans sensualité, une nature apaisée, s'élève, sous formes de bruits (oiseaux dans les ramures, portes qui s'ouvrent), la promesse d'une fécondité éternelle et joyeuse. [...]
[...] Victor Hugo, Les Contemplations, Éclaircie : 1 à 22 L'OCEAN resplendit sous sa vaste nuée. L'onde, de son combat sans fin exténuée, S'assoupit, et laissant l'écueil se reposer, Fait de toute la rive un immense baiser. On dirait qu'en tous lieux, en même temps la vie Dissout le mal, le deuil, la nuit, l'envie, Et que le mort couché dit au vivant debout : Aime ! et qu'une âme obscure, épanouie en tout, Avance doucement sa bouche vers nos lèvres. [...]
[...] Extension universelle 8 C. La marée lumineuse 9 D. Un fluide régénérateur 9 Conclusion partielle et transition 10 III. Sensualité et fécondité 11 A. Union charnelle 11 B. Fécondité 12 C. Bruits 12 Conclusion : pas de pittoresque ; des symboles ; promesse de joie 14 Introduction : présentation du texte et annonce du plan Face à l'océan, dans file de Jersey où il s'est retiré pour protester contre le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte, Victor Hugo médite sur le sens de l'univers et connaît des heures d'exaltation mystique en songeant au bord de l'infini C'est dans ces circonstances qu'il écrit Éclaircie où nous apparaît un paysage maritime dépourvu de tout pittoresque ; contemplant la lumière solaire victorieuse des nuages, le poète nous associe le pronom on est utilisé aux vers et 18 à ce qui est davantage une méditation qu'un regard. [...]
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