Commentaire composé du poème Demain dès l'aube de Victor Hugo. Idéal pour les lycéens dans le cadre de leur préparation à l'épreuve anticipée du baccalauréat.
[...] Un événement capital dans la vie de Hugo constitue le centre de ce recueil - dans la thématique et la composition- : la mort de sa fille aînée et préférée, Léopoldine, le 3 septembre 1843. Le livre IV des Contemplations, intitulé Pauca meae traite essentiellement de cet événement, et de manière plus générale de la mort et du deuil. Le quatorzième poème est un des plus célèbres de son auteur. Bref et simple, ce poème de trois quatrains à rimes croisées, de composition très régulière, est daté du 3 septembre 1847, quatre ans jour pour jour après la mort de sa fille. [...]
[...] Le tutoiement signale l'étroitesse de la relation entre les deux protagonistes ; cela se vérifie d'ailleurs par une proximité des deux pronoms dans le même vers, voire dans le même hémistiche (vers 4,11 mais surtout 2 Nous noterons aussi que le poète s'adresse à sa fille au présent alors qu'il utilise le futur pour les actions du voyage qu'il effectuera demain Le fait qu'il s'adresse au présent à sa fille indique que, d'une certaine manière, celle- ci échappe à la mort et à l'absence, et qu'elle est toujours vivante je sais que tu m'attends Le poète maintient d'ailleurs habilement le lecteur dans l'illusion, car dans une première grande partie du poème, le lecteur peut penser que le locuteur va voir une personne vivante. Et il est vrai que pour le poète elle l'attend et qu'il ne peut demeurer loin d'elle plus longtemps Et pourtant, elle est bien morte, comme l'indique si cruellement le mot tombe placé à la rime du vers 11. Le poète est donc empreint d'expression de la douleur. On y remarque le chagrin de la séparation et le caractère insupportable de l'absence (v.4). [...]
[...] La douleur n'est d'ailleurs pas énoncée explicitement, elle est suggérée par le fait que le poète soit insensible au monde qui l'entoure (v.5,10). Seules comptent ses pensées destinées à sa fille, et le chemin qu'il faut faire pour arriver à l'endroit des retrouvailles. Mais si la douleur n'est pas explicite, tout l'attitude évoquée aux vers 7 et 8 l'exprime avec une grande force. Son dos courbé trahit l'accablement et une vieillesse intérieure, les mains croisées le désoeuvrement et le recueillement. Enfin, le texte est aussi lyrique par la présence forte du thème de la mort, accompagné de celui du désir d'immortalisation. [...]
[...] L'emploi du futur et les indicateurs de lieu montrent que le locuteur connaît le chemin (le trajet a été refait au cours de nombreux pèlerinages, comme l'indique le vers 2 : je sais que tu m'attends L'itinéraire passe par des lieux obscurs et escarpés (v.2 : forêt, montagne) ; ce voyage est une quête initiatique semée d'embûches. Mais dans la dernière strophe, le paysage s'élargit : le locuteur surplombe le cadre qui l'entoure (v.10). Les pas du poète l'ont mené d'un décor clos, sombre et empreint de douleur à cause de la solitude et la séparation, à un autre décor, plus ouvert et lumineux, parce qu'il rejoint sa fille. L'oppression, paradoxalement, a laissé la place à l'harmonie. [...]
[...] On ne meurt jamais vraiment si l'on est aimé. Ainsi que nous l'avons vu, ce poème est un double voyage, un voyage sur la tombe de Léopoldine, et un voyage intérieur dans la tristesse du poète ; par ses thèmes et son énonciation, ce poème est profondément lyrique, et caractéristique du Romantisme. Sa beauté est due à sa grande simplicité apparente ; la douleur y est évoquée avec pudeur et économie des mots qui créent une grande sobriété dans l'expression. [...]
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