Lecture analytique semi-rédigée du poème "Mélancholia" tiré du recueil de Victor Hugo Les Contemplations.
Sommaire
I) UN POEME ARGUMENTATIF
A. L'état physique des enfants B. La durée du travail et son aspect répétitif C. La dureté du travail industriel
II) LA PERVERSION DU TRAVAIL VERITABLE ET PRODUCTIF
A. Le travail destructeur, inhumain et immoral B. Le progrès monstrueux C. Travail maudit et vrai travail
Conclusion
Poème analysé
... Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer. Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue. Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue. Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las. Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas ! Ils semblent dire à Dieu : - Petits comme nous sommes, Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! Ô servitude infâme imposée à l'enfant ! Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée, La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée, Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! - D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin ! Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre, Qui produit la richesse en créant la misère, Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil ! Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ? Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme, Une âme à la machine et la retire à l'homme ! Que ce travail, haï des mères, soit maudit ! Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit, Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème ! Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même, Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux, Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
I) UN POEME ARGUMENTATIF
A. L'état physique des enfants B. La durée du travail et son aspect répétitif C. La dureté du travail industriel
II) LA PERVERSION DU TRAVAIL VERITABLE ET PRODUCTIF
A. Le travail destructeur, inhumain et immoral B. Le progrès monstrueux C. Travail maudit et vrai travail
Conclusion
Poème analysé
... Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer. Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue. Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue. Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las. Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas ! Ils semblent dire à Dieu : - Petits comme nous sommes, Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! Ô servitude infâme imposée à l'enfant ! Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée, La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée, Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! - D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin ! Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre, Qui produit la richesse en créant la misère, Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil ! Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ? Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme, Une âme à la machine et la retire à l'homme ! Que ce travail, haï des mères, soit maudit ! Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit, Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème ! Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même, Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux, Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
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Extraits
[...] Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer. Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue. [...]
[...] Au vers 15, Hugo fait parler les enfants alors qu'ils n'en ont pas le droit ; c'est une sorte de prosopopée L'indignation et la colère du poète s'expriment par de nombreux points d'exclamation. Et l'emploi au vers 14 de l'adverbe exclamatif hélas qui relève du pathétique. II/ LA PERVERSION DU TRAVAIL VERITABLE ET PRODUCTIF Le travail destructeur, inhumain et immoral Il est présenté comme un esclavage à travers les termes très dépréciatifs infâme étouffant insensé Les enfants sont exploités servitude infâme imposée à l'enfant sans que les adultes ne prennent conscience de leur âge de leur mental et de leur résistance. [...]
[...] Pour Victor Hugo, le monde de l'usine est comparable à l'enfer, il emploie à différents moments des métaphores pour insister sur la personnification des machines sous les dents du machine sombre; monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre ».Le choix des termes fait ressortir le caractère quasi fantastique de cette usine ressemblant à l'antre d'un monstre. La dureté du travail industriel Leurs conditions de travail sont donc totalement infâmes La position des enfants accroupis (v.7) insiste sur leur situation de victimes Les antithèses innocents/bagne anges/enfer (v.9) apparente les lieux à des univers effroyables. Hugo souligne ainsi l'injustice qui frappe ces enfants, symbole d'innocence. [...]
[...] C'est ainsi que le poème oppose deux significations du même terme : le vrai travail est un bienfait qui donne son sens à la vie humaine, mais lorsqu'il est perverti par l'homme ; le travail maudit nous conduit à une horrible servitude. CONCLUSION La poésie est donc ici un instrument de dénonciation. Melancholia est avant toute chose un poème à visée argumentative. Il dénonce une injustice sociale de son époque et il défend l'exploitation des enfants. Par son réalisme et son pathétique, Hugo nous montre les conditions déplorables des enfants dans le monde ouvrier. Ce texte illustre un des aspects de l'œuvre de Victor Hugo : améliorer le sort des pauvres. [...]
[...] Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas ! Ils semblent dire à Dieu : - Petits comme nous sommes, Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! Ô servitude infâme imposée à l'enfant ! Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée, La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée, Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin ! [...]