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Rappelant que la poésie assure de multiples fonctions (évasion, reconnaissance, épanchement des sentiments) et peut, en période troublée, devenir un art engagé et se mettre au service des idées, Hugo écrit Les Châtiments (1853), vaste et satirique pamphlet poétique contre Napoléon le Petit. Ultima verba, situé presque à la fin du recueil, comme une sorte de testament moral et politique, se termine sur trois apostrophes : aux autres proscrits, à Napoléon III qu'il hait, à la France qu'il aime et qu'il a quittée.
Cette dénonciation violente de l'empereur et de ses partisans s'enrichit d'une réflexion lyrique sur l'exil et sur le thème du proscrit. Hugo y revendique aussi, d'une façon très théâtralisée, son identité, son caractère exceptionnel et sa fonction.
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L'ensemble des quatrains du poème sont parcourus par cette dénonciation méprisante
de l'empereur :
- dans un premier temps, l'auteur s'adresse directement à Napoléon III et lui exprime son mépris en le tutoyant par de multiples occurrences de la deuxième personne du singulier : "tes", "te", "ton" (vers 7 et 8). Puis très rapidement, Hugo prend ses distances avec l'empereur, comme pour le vouer aux gémonies, grâce à l'utilisation du pronom de l'absence : "tant qu'il sera là" (vers 13). Cette volonté de ne pas le nommer marque le désir de lui ôter son identité et de le renvoyer dans l'oubli.
- parallèlement à cet éloignement, et comme pour le justifier, Hugo utilise des comparants peu enviables :
. en l'affublant du nom de "César" (vers 8), qui a valeur d'antiphrase ironique et contraste avec le croquis burlesque d'un bien piètre César dans son misérable "cabanon" (vers 8). Par cette antithèse ironique, d'autant plus efficace que les deux termes sont à la rime ("Louvre", vers 7 ; "cabanon", vers 8), entre le "cabanon" qu'il mériterait vraiment et le "Louvre" qu'il occupe indûment, le poète dénonce la mégalomanie et l'usurpation de Napoléon III.
. c'est ensuite sa désignation implicite par l'évocation de "Sylla" (vers 26), dictateur romain qui élimina ses opposants par les massacres et l'exil, qui dénonce de façon satirique sa cruauté sanguinaire et souhaite faire de lui une figure légendaire le hissant au niveau des pires tyrans de l'Histoire (...)
[...] Devant les trahisons et les têtes courbées Je croiserai les bras, indigné, mais serein. Sombre fidélité pour les choses tombées, Sois ma force et ma joie et mon pilier d'airain ! Oui, tant qu'il sera là, qu'on cède ou qu'on persiste, Ô France ! France aimée et qu'on pleure toujours Je ne reverrai pas ta terre douce et triste, Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours ! Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente, France ! [...]
[...] Hugo le désigne implicitement par le pronom indéfini on (vers désireux d'en rejeter les membres dans l'anonymat et l'oubli. Il dénonce ainsi indirectement la complicité coupable de l'Église avec Napoléon III. II- Une réflexion lyrique sur l'exil Maniant satire et lyrisme, Hugo change de ton quand il évoque son sort d'exilé qu'il partage avec ses nobles compagnons (vers 1). Le thème central de la proscription Le poème répond à la rumeur d'amnistie proposée par Napoléon III aux proscrits qui reviendraient en France. [...]
[...] Une fureur méprisante contre l'empereur et son régime Un mépris violent pour le tyran L'ensemble des quatrains du poème sont parcourus par cette dénonciation méprisante de l'empereur : - dans un premier temps, l'auteur s'adresse directement à Napoléon III et lui exprime son mépris en le tutoyant par de multiples occurrences de la deuxième personne du singulier : tes, te, ton (vers 7 et 8). Puis très rapidement, Hugo prend ses distances avec l'empereur, comme pour le vouer aux gémonies, grâce à l'utilisation du pronom de l'absence : tant qu'il sera là (vers 13). Cette volonté de ne pas le nommer marque le désir de lui ôter son identité et de le renvoyer dans l'oubli. [...]
[...] - le jeu sur les rimes va donner plus de force à ce final épique. Les rimes masculines sonores en a de Sylla (vers 26) et celui-là (vers 28) s'opposent fermement. Les sonorités orchestrent ce tableau : aux vers 25 et 27, la répétition de la voyelle aiguë i occurrences) alliée à des sons forts (que, qu'un, celui-là) met progressivement l'emphase sur le dernier vers. La force de la parole de l'auteur Cette mise en scène spectaculaire a pour but de montrer que la parole du poète est aussi forte que des actes. [...]
[...] Il exerce dès lors un pouvoir dictatorial et réprime l'opposition républicaine. Hugo s'exile et compose Les Châtiments, recueil poétique destiné à discréditer le régime de Napoléon III. Ultima verba 1 [ ] Mes nobles compagnons, je garde votre culte ; Bannis2, la République est là qui nous unit. J'attacherai la gloire à tout ce qu'on insulte ; Je jetterai l'opprobre3 à tout ce qu'on bénit ! 5 Je serai, sous le sac de cendre qui me couve4 La voix qui dit : malheur ! [...]
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