Lecture analytique de l'extrait "Métamorphose" tiré du roman Quatre-vingt-treize de Victor Hugo.
[...] Les métamorphoses Par l'emploi de multiples procédés stylistiques, personnification, comparaison, métaphore, analogie (quelle bête surnaturelle* un monstre), le regard de Victor Hugo transforme la réalité du canon en un véritable phénomène protéiforme. Ces métamorphoses sont renforcées par un jeu incessant de l'état d'animé, du vivant à la matière inerte (Cette masse [ ] paraît méditer* la colère de l'inanimé). La présence d'un important bestiaire contribue à la création d'une image fantastique du canon (panthère* souris* éléphant* dogue* taureau* boa* tigre* lion). B. [...]
[...] Une phrase, constituant une période et s'appuyant sur les cinq temps d'un rythme marqué par une accumulation verbale, exprime l'ampleur du phénomène : - le mouvement initial (court* a des mouvements) ; - l'immobilité provisoire (s'arrête* paraît méditer) ; - la reprise d'un mouvement imprévisible (reprend* traverse) ; un mouvement rebelle ; connotation de liberté accentuée par la forme pronominale (se dérobe* s'évade) ; la gradation d'un mouvement de destruction (heurte* ébrèche* tue* extermine). L'antithèse qui rend compte de la différence des matières souligne l'inégalité du rapport de forces et le caractère inéluctable de la destruction en cours (le bélier est de fer, la muraille est de bois). B. L'impuissance humaine L'accumulation des formes interrogatives traduit l'impuissance de l'homme face à un tel phénomène (Et que faire ? Comment en venir à bout ? [...]
[...] De quelle façon s'y prendre ? Vous pouvez raisonner un dogue, étonner un taureau, fasciner un boa, effrayer un tigre, attendrir un lion ; aucune ressource avec ce monstre, un canon lâché. Vous ne pouvez pas le tuer, il est mort ; en en même temps, il vit. Il vit d'une vie sinistre qui lui vient de l'infini. Il a sous lui son plancher qui le balance. Il est remué par le navire, qui est remué par la mer, qui est remuée par le vent. [...]
[...] C'est un bélier qui bat à sa fantaisie une muraille. Ajoutez ceci : le bélier est de fer, la muraille est de bois. C'est l'entrée en liberté de la matière ; on dirait que cet esclave éternel se venge ; il semble que la méchanceté qui est dans ce que nous appelons les objets inertes sorte et éclate tout à coup ; cela a l'air de perdre patience et de prendre une étrange revanche obscure ; rien de plus inexorable que la colère de l'inanimé. [...]
[...] Le navire, les flots, les souffles, tout cela le tient ; de là sa vie affreuse. Que faire à cet engrenage ? Comment entraver ce mécanisme monstrueux du naufrage ? Comment prévoir ces allées et venues, ces retours, ces arrêts, ces chocs ? Chacun de ces coups au bordage peut défoncer le navire. Victor Hugo, Quatre-vingt-treize, 1ère partie., L.2, ch. IV. Situation Ce texte est tiré du livre 2 de la première partie de Quatre-vingttreize, roman de Victor Hugo, paru en février 1874. [...]
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