La fable 16 du livre VIII, L'Horoscope, est située dans le second recueil où le bestiaire et l'imaginaire en liberté du fabuliste s'est nettement amoindri pour s'orienter vers une réflexion plus sérieuse et sentencieuse. Conforme à cette orientation, le recours à la métaphore animalière n'a ici pas cours. Cette fable comporte deux anecdotes : la première dérive d'un texte d'Ésope L'Enfant et son Père, tandis que la seconde, celle qui concerne la mort d'Eschyle, se retrouve chez de nombreux auteurs, de Pline l'Ancien à saint François de Salle en passant par Rabelais (dans le Tiers Livre, chapitre XXIII et dans le Quart Livre, chapitre XVII) et surtout par Montaigne.
La Fontaine s'est toujours distancé des astrologues et faiseurs d'horoscopes en tout genre. Comme dans d'autres fables (L'Astrologue qui se laisse tomber dans un puits ; livre II, fable 13), il s'en prend aux croyances irrationnelles qui entourent l'astrologie et dénonce la superstition (...)
[...] Notre sort en dépend : sa course entre-suivie Ne va, non plus que nous, jamais d'un même pas ; Et ces gens veulent au compas 85 Tracer le cours de notre vie ! Il ne se faut point arrêter Aux deux faits ambigus que je viens de conter. Ce fils par trop chéri, ni le bonhomme Eschyle, N'y font rien : tout aveugle et menteur qu'est cet art Il peut frapper au but une fois entre mille ; Ce sont les effets du hasard. Géniture : progéniture. [...]
[...] Mais l'argumentation, du fait des exemples choisi notamment, semble pour le moins sinueuse . et fabuleuse. Si on en arrive à des énoncés qui peuvent participer d'une philosophie épicurienne de la nature (vers 60-63 et vers 69-75), la critique de l'astrologie judiciaire se développant traditionnellement, sur un plan à la fois heuristique (atomisme et pluralisme des explications contre idée de destin) et moral (liberté et quête du bonheur contre fatalisme), les preuves dont use le fabuliste ne sont pas tout à fait du même ordre que celles qui apparaîtraient dans le poème didactique d'un Lucrèce ou dans l'argumentaire de Gassendi et de Bernier. [...]
[...] II- Les intentions du fabuliste Les marques de la subjectivité du fabuliste - La Fontaine intervient à plusieurs occasions par les marques de la première personne .excepté aux vers 1 et 2 (On rencontre sa destinée / Souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter), où il utilise le pronom personnel à valeur généraliste On. La présence du fabuliste est alors agrémentée du présent de vérité générale (rencontre, prend) conférant au propos une valeur intemporelle . vers 58 à 60 : Mais je l'en justifie, et maintiens qu'il est faux. [...]
[...] monstre, cria-t-il, c'est toi qui me fais vivre Dans l'ombre et dans les fers ! À ces mots, il se livre Aux transports violents de l'indignation, Porte le poing sur l'innocente bête. Sous la tapisserie, un clou se rencontra : 40 Ce clou le blesse ; il pénétra Jusqu'aux ressorts de l'âme : et cette chère tête, Pour qui l'art d'Esculape en vain fit ce qu'il put, Dut sa perte à ces soins qu'on prit pour son salut. Même précaution nuisit au poète Eschyle Quelque devin le menaça, dit-on, De la chute d'une maison. [...]
[...] Il se présente alors comme le narrateur. - Sa présence se note aussi par le recours à des formules générales, comme par exemple : Qu'est-ce que Jupiter ? Un corps sans connaissance (vers 68) - L'énonciation de la morale (vers 86 à 91). La leçon Comme d'habitude, les anecdotes visent à inciter le lecteur à la réflexion. La Fontaine dénonce ici la superstition et s'en prend aux croyances irrationnelles, notamment celles qui entourent l'astrologie, avec le vers 75 (L'état où nous voyons l'Europe), lequel supporte une allusion à la Guerre de Hollande qui fit bouillonner l'Europe entière et que les astrologues n'avaient pu prévoir. [...]
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