Corneille 1640, Horace scène IV acte 5, hyperboles, accélération dramatique, classicisme, tragédie politico-romaine, meurtre de Curiace, passion politique, hybris, expression antithétique, champ lexical, commentaire de texte
Le texte que nous allons étudier est un extrait d'"Horace" de Corneille, publié en 1640 (au début du classicisme). Il s'agit de la première tragédie romaine et politique de Corneille, qui va ensuite les multiplier jusqu'en 1652 et qui sera considéré comme un spécialiste de la tragédie politico-romaine (avec Cinna, Polyeucte et Nicomède). L'histoire se déroule à Rome et raconte le combat entre Horace (qui défend Rome) et les trois frères Curiace (qui représentent Albe, la cité voisine). L'élément problématique qui maintient la tension dramatique est le fait qu'un des frères Curiace est l'amant de Camille (la sœur d'Horace). Cet extrait (scène 5 de l'acte IV) se situe après le meurtre de Curiace par Horace ; Camille l'a appris deux scènes plus tôt (monologue où elle décide de provoquer Horace).
[...] Jusqu'alors, Horace était un héros guerrier à qui tout réussissait, il était plein de valeurs. L'expression « que tu tombes » évoque une idée de défaite et de déchéance. On note le conflit avec l'opposition entre par le pronom personnel « tu » (désignant Horace) et le pronom possessif « me » (Camille). Ces quatre vers sont marqués par quatre pronoms personnels ou possessifs qui s'adressent à Horace (« ta vie », « tu tombes », « toi », « ta brutalité ») et qui montrent également la malédiction de Camille envers son frère : elle le pointe du doigt, en quelque sorte. [...]
[...] Son excès de patriotisme le rend inhumain. Conclusion : En conclusion, ce texte est une représentation des deux tendances de l'Homme menant à l'hybris : la passion politique (représentée par la démesure de l'action) et la passion amoureuse (représentée par la démesure des paroles). Le motif personnel de Camille s'oppose au motif collectif d'Horace. Le statut du héros change pour le spectateur et pour les autres personnages de la pièce qui vont alors le juger et remettre en question sa gloire. [...]
[...] L'accumulation (vers 1310 à 1318) exprime encore la démesure de camille. Camille ressent un plaisir sadique à l'idée d'être la cause de toute cette violence : « de mes yeux », « voir » (répété à trois reprises). L'expression « tes lauriers en poudre » signifie que la victoire d'Horace sera annulée par la destruction de Rome due à Camille. La volonté de Camille de détruire Rome est donc uniquement liée à son désir de nuire à son frère. Camille parle comme une ennemie de Rome et serait ainsi la quatrième Curiace de cette pièce. [...]
[...] Horace est un représentant de la passion politique. Il tue Camille dans l'intérêt de Rome et n'éprouve à cet instant aucune pitié fraternelle. Il ne comprend pas que les paroles de haine de Camille ne sont dues qu'à sa souffrance d'avoir perdu Curiace. La didascale « Camille blessée derrière le théâtre » nous rappelle la règle de bienséance du XVIIe siècle : le dramaturge se devait de représenter les héros tués sans choquer le spectateur de l'époque. Le meurtre se conclue donc dans les coulisses. [...]
[...] Horace est imperturbablement logique, ce qui suppose une froideur qui nous gêne d'un point de vue humain. La fin ne fait que confirmer l'héroïsme d'Horace et son erreur. Son aveuglement le rend tragique. [...]
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