Par la fécondité, la puissance créatrice, la diversité de son œuvre, Victor Hugo s'affirme comme le chef de file du romantisme. Ce courant qui apparaît au début du XIX siècle en réaction contre le classicisme sera prolongé par L'écrivain jusqu'à la fin du siècle.
Aussi, dans cet extrait de L'Homme qui rit, un enfant de dix ans est abandonné par des matelots sur la presqu'île de Portland, en Angleterre. Nous pouvons alors nous demander en quoi ce paysage hostile a une portée symbolique?
[...] Les impressions annoncent ainsi la transfiguration imminente de la nature qui acquiert une portée symbolique. Le paysage est symbolique et prépare les évènements à venir. Les indices d'énonciation et particulièrement les marques de la personne indiquent la solitude de l'enfant lui s'arrêta il Mais le pronom indéfini on révèle une présence ou plutôt un narrateur omniscient, spectateur, qui traduit ses impressions par l'intermédiaire de ses observations ainsi que par l'écriture, notamment l'alternance de longues phrases et de mots comme rien Le courant romantique se caractérise en effet par l'individualité face aux éléments naturels mais également par l'écrivain face à son oeuvre. [...]
[...] Le paysage est caractérisé par l'absence de vie. Le manque de luminosité est partiellement lié à l'absence de l'homme: on ne voyait pas de routes, pas même une cabane de berger sa présence apparaît lointaine un foyer allumé, une fenêtre éclairée, une maison vivante Le silence progresse en néant: rien La blancheur annonce la maladie: blême, blafarde Le champ lexical du froid est omniprésent: gelée, neige, glacée La mort est alors suggérée par la blancheur, la pâleur, par des indices tels que frissonnant ou la révélation de la comparaison comme la tombe La nature est hostile et frappe l'enfant qui apparaît vulnérable du fait de son désarmement, son âge, ses pieds nus et sa solitude. [...]
[...] Nous pouvons alors nous demander en quoi ce paysage hostile a une portée symbolique. Nous verrons d'abord que ce décor nocturne et onirique inspire l'étrangeté et l'évasion puis que le cadre angoissant révèle les impressions et évoque une scène symbolique. L'instauration du cadre d'un paysage hivernal est fondée sur l'opposition de l'enfant face à la nature. La saison hivernale incarne la mélancolie et la morosité de la nature: rien de mélancolique comme le jour L'isotopie du blanc imprègne ce paysage froid: neige, brouillard blanc, blanche écume, double blancheur Cette blancheur de la terre et de la mer s'oppose à la noirceur du ciel: ébène, ciel sans astres Le champ lexical du noir et blanc est étroitement lié à celui des ombres et lumières: rien de mélancolique comme le jour que faisait cette double blancheur La lumière est évoquée par son absence: absence de lumière, pas un seul scintillement indiquant un foyer allumé, une fenêtre éclairée, rondeur pâle Ce manque de clarté renvoie à la confusion nébuleuse: brumeuse, brume opaque, brouillard ainsi qu'à l'obscurité nocturne, croissant obscur de la nuit, terne La nature se dissimule derrière le clair-obscur et profite de ce trouble pour se métamorphoser. [...]
[...] L'homme qui rit, Victor Hugo Texte L'enfant parvenu sur le plateau s'arrêta, posa fermement ses deux pieds nus sur le sol gelé et regarda. Derrière lui, la mer, devant lui la terre, au-dessus de sa tête le ciel. Mais un ciel sans astres. Une brume masquait le zénith. En arrivant au haut du mur du rocher, il se trouvait tourné du côté de la terre, il la considéra. Elle était devant lui à perte de vue, plate, glacée, couverte de neige. [...]
[...] Par opposition, le champ lexical du mouvement concerne la nature: tournoiements de spirales, tourbillons de neige, arrachés, s'envolant, plissait A noter que les tournoiements de spirales et les tourbillons semblent conduire l'enfant dans le vide. Ainsi, l'exposition du cadre blanc, sombre, confus et angoissant permet à la nature de s'unir puissamment contre un enfant seul. Les impressions et sensations reposent sur l'hostilité de la nature nuisible qui rappelle sa supériorité sur l'homme. Les impressions du paysage installent une ambiance inquiétante par le silence, l'absence de vie et l'hostilité de la nature. Les sensations visuelles et tactiles sont développées. [...]
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